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L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE.

de la Syrie, environ 4 000 000 d’habitants. Partout où la motoculture n’est pas possible, il faudra pousser l’instruction technique des populations agricoles, qui en sont encore à l’emploi des procédés les plus primitifs.

La création de banques et de syndicats agricoles s’impose. Elle est déjà commencée et certaines institutions ont fonctionné d’une façon satisfaisante.

Mais la condition principale de la renaissance agricole et du développement du pays doit être l’amélioration du régime des terres. Elle est surtout nécessaire dans les régions de grande propriété dotées d’un régime quasi féodal, et où la mise en valeur a été presque impossible jusqu’ici à cause de la négligence des populations bédouines.

Un service d’immatriculation des terres est en voie de création. Les propriétés, jusqu’ici mal définies, manquaient d’un cadastre bien établi, et dont la création est également prévue. Enfin, il faut approprier les transactions aux régimes divers de la propriété, variables suivant les régions, et présentant une grande complexité. Partout où la nature du sol ou des exploitations ne justifiera pas une association avec les grands propriétaires, on pourra recourir à l’achat direct des terres. Cela était autrefois interdit par la loi musulmane et a été autorisé par la Porte depuis l’Iradé de 1867 et le Protocole de 1868. Mais il faut se soumettre à des formalités longues et compliquées et renoncer à l’acquisition de certains biens, des biens religieux ou wakoufs en particulier, et, jusqu’à présent, des biens de l’État. Leur usufruit peut être cependant attribué à des particuliers pour une certaine durée. Cette disposition est très importante, puisque les biens wakoufs sont nombreux et que les biens domaniaux représentent pour le territoire de mandat environ 300 000 hectares.

Outre ces réformes de législation foncière, il doit être entrepris une réforme fiscale, qui substituera aux dîmes actuellement perçues et d’un régime très compliqué, un impôt foncier mieux défini, plus équitablement réparti, et qui, grevant lourdement les terres incultes, favorisera la mise en valeur de toutes les richesses en vue d’un meilleur rendement.

Cette production a d’autant plus d’importance qu’elle sera heureusement utilisée grâce a de très favorables possibilités