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fiance. Fort d’un prestige nouveau, le général Gouraud avait à triompher des dernières hésitations à venir à nous. À la politique d’attraction qui devait ramener progressivement les milieux musulmans, dut s’ajouter dans des cas isolés la réduction par la force de résistances locales. Ainsi fut faite la pacification du Hauran, la plaine fertile du Sud de Damas qui est habitée par des Musulmans et qui conduit à la montagne des Druzes.

Cette région avait été troublée par les intrigues de Feyçal qui, à son départ de Damas, et avant de gagner la zone anglaise de Palestine, où il devait trouver un asile sûr, s’était arrêté à Déraa, et avait tenté d’y soulever le pays contre nous. Un mouvement limité répondit à ces excitations. Le 20 août, le train qui transportait à Déraa deux des membres du nouveau gouvernement de Damas, qui voulaient user de leur influence pour rétablir le calme, était attaqué à la gare d’El Gazhalé par un groupe de rebelles, et les deux ministres étaient tués. À cette nouvelle, tout le Hauran s’agitait, et une colonne française, qui avait reçu la mission de rétablir l’ordre et de châtier les coupables, était reçue à coups de fusil à peu de distance de Damas. Un effort militaire plus large fut alors développé, et notre colonne put gagner du terrain vers le Sud, en rétablissant la voie ferrée au fur et à mesure de son avance : elle battit et dispersa les Bédouins qui demandèrent l’aman. Le 22 septembre, elle s’installa à Déraa, achevant la pacification de tout le pays au Sud de Damas.

Dans la région d’Alep, en dehors de la partie Nord du pays dont il a été fait déjà mention à propos d’Aïntab, l’ordre était encore troublé, à l’Ouest d’une part, et à l’Est d’autre part.

À l’Ouest, on subissait la grave difficulté de ne pouvoir correspondre avec la côte, ce qui avait l’inconvénient de laisser à Alep des stocks disponibles pour les accapareurs, de faire monter les prix, et d’immobiliser une quantité de denrées qui auraient été fort nécessaires ailleurs. Grâce à l’action politique et militaire exercée par le général de Lamothe, les relations commerciales entre Alep et Alexandrette purent bientôt être rétablies. Les caravanes circulent aujourd’hui librement d’une ville à l’autre, et les populations témoignent aux autorités françaises leur reconnaissance d’avoir réussi à abattre une barrière que l’hostilité et les intrigues de Feyçal avaient élevée à leur plus grand dommage.