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L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE.

orphelinats, des asiles et des ouvroirs pourvus d’ateliers d’apprentissage. Enfin, le service de santé fut complètement assuré dans les villes par la création de médecins de quartier, d’inspecteurs urbains et d’équipes pour la lutte anti-paludique.

Notre contrôle judiciaire eut fort à faire pour réorganiser des services que les magistrats turcs avaient fait fonctionner dans des conditions précaires, puis entièrement abandonnés lors de notre arrivée. Un triage sérieux fut donc opéré parmi les magistrats, et tout mis en œuvre pour relever le niveau du personnel judiciaire. Une Cour de cassation fut créée, un ordre des avocats constitué, un casier judiciaire organisé et des dispositions législatives prises concernant le moratorium, les loyers et l’amnistie pour tous les crimes et délits de droit commun et politiques commis avant l’arrivée des Français.

Il faut noter, enfin, qu’en dehors même de la zone que nous occupions, nos œuvres avaient secouru également la « zone Est » occupée par les soldats de l’émir Feyçal, et dans laquelle les nôtres n’avaient pas le droit de pénétrer. Du 1er janvier 1919 au 1er mai 1920, 162 écoles privées étaient ouvertes en zone Est, où nous entretenions ou aidions, à Damas, un grand hôpital, un orphelinat, deux dispensaires, deux orphelinats et des ateliers d’orphelins.

Ainsi, dès le retour de la France dans le pays, qui lui était déjà tellement attaché avant la guerre, celle-ci a su manifester sa présence par tout le bien dont le pays profita dès ce moment. Ce n’était d’ailleurs qu’un début, puisque nos services n’avaient encore pu être organisés et fonctionner dans des conditions satisfaisantes. Il en sera différemment quand le succès de Damas aura donné au général Gouraud la possibilité de prendre en mains, d’une façon complète, l’organisation du pays sur lequel notre mandat est, depuis le mois de mai 1920, officiellement reconnu.

VII. — l’exploitation du succès de damas

On sait dans quelles conditions nous étions entrés à Damas, à la suite du combat du 24 juillet, et comment ce succès avait été suivi de l’occupation d’Alep et des autres villes de l’intérieur. Mais, cela ne pouvait, du jour au lendemain, assurer l’ordre dans l’ensemble du pays, ni nous donner toute sa con-