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sur notre propre organisation militaire ? Sommes-nous, du moins sûrs qu’aux nouvelles dates fixées, des sanctions seront appliquées si l’Allemagne ne s’est pas mise en règle ? Le précédent de Spa n’est pas pour nous encourager. On a inscrit des sanctions un peu vagues dans le traité ; on en a inscrit d’un peu plus précises sur le papier de Spa ; on vient d’en inscrire d’un peu plus détaillées sur le papier qu’on a livré à la publicité après la Conférence de Paris. Scraps of paper ! Autant de feuilles volantes qu’on enfouit, l’une après l’autre, dans les archives diplomatiques.

A-t-on pris, d’ailleurs, des dispositions claires pour qu’au cas de manquements de l’Allemagne, ces sanctions fussent appliquées sans un recommencement de discussion ? Y a-t-il, à cet égard, des engagements mutuels des Alliés ? A-t-on prévu telle sanction pour tel cas déterminé ? M. Briand a dit à la Chambre que, si les pénalités adoptées n’avaient pas été signifiées à l’Allemagne, c’était parce qu’elles ne regardaient que les Alliés. Remarque très juste, si les Alliés sont bien d’accord, dès maintenant, sur ces pénalités. Mais j’ai toute raison de croire qu’une mise au point est encore nécessaire, que les sanctions n’ont pas jusqu’ici fait l’objet d’une convention obligatoire pour tous les Alliés, et qu’il subsiste, dans cette question essentielle, des flottements dangereux. Il est, du reste, à remarquer qu’à Birmingham, M. Lloyd George, si ferme et si lumineux en d’autres parties de son discours, a été, sur ce point, d’une extrême discrétion.

Après les armes, le charbon. L’accord de Spa, de funeste mémoire, prenait fin le 31 janvier. Par lettre du 27 décembre, la Commission des réparations, qui a qualité pour apprécier, à tout moment, les possibilités de livraison de l’Allemagne, a dressé un programme pour les expéditions à faire mensuellement après le 1er février. Les chiffres arrêtés sont sensiblement inférieurs à ceux que nous aurions le droit d’exiger en vertu du traité ; mais, du moins, les avantages pécuniaires que les négociateurs de Spa avaient accordés à l’Allemagne sont supprimés pour l’avenir et, comme l’a dit M. Briand, on pourrait toujours revenir à l’exécution pure et simple du traité, dans le cas où le Reich ne ferait pas régulièrement les livraisons qui lui sont demandées. Toutefois, ici encore, quelles seront nos garanties et comment joueront les sanctions ? Il conviendra certainement qu’à la Conférence de Londres, les gouvernements alliés arrivent à mettre les points sur les i.

C’est surtout pour les réparations que ces précisions seront indispensables. Nous avons vu tout à l’heure dans quel état d’esprit les