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LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES

LE
DERNIER ROMAN DE M. WELLS


H.-G. WELLS : THE OUTLINE OF HISTORY[1]


Avez-vous connu Boon, George Boon, le fameux romancier populaire, le plus fort tirage du monde entier ? Sa fortune faisait l’envie de ses confrères. Et voilà que ce grand favori du public, apprenons-nous après sa mort, n’attachait aucune importance à ces livres auxquels il devait une si large aisance ; jamais il n’avait pris la peine de les écrire : il les dictait avec ennui à sa dactylographe, tandis que, cette corvée finie, son véritable bonheur était (on le découvrit en classant ses papiers) de se plonger dans les notes d’un immense ouvrage qu’il méditait sur le Génie de l’humanité.

Cette histoire que nous conte M. Wells[2] est celle de M. Wells lui-même : c’est un peu la préface du livre gigantesque qu’il vient de nous donner. Il se trouve, en effet, que le grand amuseur, l’auteur de ces contes fantastiques qui ont fait le tour de l’univers, la Guerre des Mondes, la Machine à supprimer le temps, les Premiers hommes dans la lune, est le contraire d’un auteur pour rire. On le prend pour un Jules Verne, et il veut être quelque chose comme un Voltaire anglais. On le tient pour un humouriste, et personne n’est plus passionnément sérieux. La littérature n’est pour lui qu’un moyen d’action. Nul ne

  1. 1 vol. gr. in-4o illustré de 652 pages, 2e édition corrigée, augmentée de plusieurs cartes et tableaux. Cassel et Cie, Londres et New-York, 1920.
  2. Boon, the Mind of the Race, etc. 1 vol. in-8o illustré par l’auteur. T. Fisher Unwin, édit. Londres, Adelphi Terrace, 1921. La première édition avait paru sans nom d’auteur en 1915. — Sur les idées de M. Wells, consulter E.-R. Pease, History of the Fabian Society, Londres, 1919, et l’étude récente de M. Edouard Guyot, H.-G. Wells, in-8o, Paris, Payot édit. 1920.