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violentes et la culture grossière des éléments semi-barbares, au pouvoir desquels l’Empire était tombé. Il ne put fonctionner. Une année ne s’était pas écoulée depuis l’abdication de Dioclétien et de Maximien, quand Constance Chlore mourut, laissant, comme nous l’avons dit, un fils, Constantin, que Dioclétien avait exclu dans sa nouvelle répartition du pouvoir. Mais Constantin était un jeune homme intelligent, énergique, très ambitieux ; et, aussitôt son père mort, il jugea bon de se faire proclamer César par ses soldats à Eboracum, sans attendre la décision des Augustes (28 juillet 306). Ce coup d’audace réussit. Afin d’éviter une guerre civile, Galère, qui était le plus ancien et le plus autorisé des deux Augustes, reconnut le fait accompli, en nommant Constantin César, et en donnant à Sévère le rang d’Auguste. Mais la guerre civile, qu’il avait espéré éviter, en cédant en Gaule, éclata à peu de temps de là en Italie, précisément parce qu’en Gaule il avait cédé ; et sous une forme plus grave. La vieille Rome supportait avec mauvaise humeur le rang de ville de province auquel elle était tombée. L’absence de la Cour et de l’Empereur blessait en même temps l’orgueil et lésait les intérêts de la métropole. Le Sénat n’avait plus d’autorité ; les prétoriens ne comptaient plus pour rien ; au peuple manquaient les grands spectacles et tous les profits des temps passés. Aussi, profitant du prétexte que leur offrit un nouveau recensement, ordonné par Galère, la population et le corps des prétoriens se soulevèrent et proclamèrent Auguste le fils de Maximien, Maxence, qui vivait non loin de Rome, et qui voulait lui aussi, depuis l’avènement de Constantin, accéder au trône impérial (27 octobre 306). Maxence, pour affermir son autorité, appela son père, qui n’était guère satisfait de sa retraite, et lui fit reprendre le titre impérial. Le système de la tétrarchie était détruit. L’Empire comptait désormais six empereurs, quatre ? Augustes et deux Césars !

Cette fois Galère ne voulut pas reconnaître le fait accompli et chargea Sévère de reconquérir l’Italie. Mais le nom de Maximien, de l’ancien collègue de Dioclétien, était encore une force ; les soldats de Sévère ne voulurent pas combattre contre le vieux général, et préférèrent passer à l’adversaire. Sévère, s’étant enfui à Ravenne, restitua à Maximien la pourpre, dont celui-ci l’avait, peu de temps avant, revêtu (307). Une seconde tentative contre Maxence, dirigée par Galère en personne, n’eut