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LA RUINE
DE LA
CIVILISATION ANTIQUE

IV.[1]
CONSTANTIN ET LE TRIOMPHE DU CHRISTIANISME


I

Dioclétien avait essayé de reconstituer l’autorité sur trois principes : la division de l’Empire, la divinité des empereurs, le choix par cooptation. Son système était donc plus compliqué et raffiné que la monarchie asiatique, fondée sur les principes dynastiques de l’hérédité et, dans une certaine mesure, de l’unité. Le fils n’était pas, de droit, successeur de son père, mais le successeur choisi devenait par adoption fils du prédécesseur. C’est ainsi que, dans la dernière répartition de l’Empire, Dioclétien avait exclu du trône le fils de Constance Chlore, Constantin, de même que le fils de Maximien, Maxence. Hommage suprême à la civilisation gréco-latine, qui, sur le point de mourir, avait engendré ce système, et son créateur, Dioclétien, avait voulu sauver les droits souverains de l’intelligence, en ne se remettant pas, pour le choix de l’empereur, à cet accident d’un accident qu’est la naissance, et en s’efforçant en même temps d’éviter à chaque succession les luttes des ambitions, qui avaient fait tant de mal à l’Empire.

Mais le système était trop compliqué pour les passions

  1. Voyez la Revue des 15 septembre 1919, 15 février et 1er juin 1920.