et la plus féconde. Elle est devenue possible le jour où le départ du colonel Brémond, précédemment contrôleur de l’Administration de Cilicie, a donné l’impression à tous que les instructions du Haut-Commissaire en ce sens seraient enfin exactement suivies. Elles l’ont été, en effet, et la confiance est progressivement revenue. Notre contrôle administratif élargi, le retour de fonctionnaires ottomans, la rentrée à Adana même et dans les campagnes de nombreuses familles musulmanes qui avaient fui en redoutant tout de la terreur arménienne, ces indices certains d’une heureuse détente ont été enregistrés.
Ils ont coïncidé, d’ailleurs, avec la manifestation de notre puissance militaire, qui a largement contribué à rétablir notre prestige ; c’est le second mode d’action annoncé et auquel le général Gouraud a eu recours cet automne. Une fois de plus, nos possibilités militaires ont conditionné notre situation politique.
À la faveur de la suppression de notre armée d’Orient, six bataillons avaient pu être envoyés de Constantinople au Levant. Cela permit de rétablir la situation en Cilicie où nous étions presque jetés à la côte. Mersine et Tarsous étaient encerclés, la voie ferrée qui relie ces deux villes a Adana coupée, les communications par chemins de fer également impossibles par la voie de l’Est, et le grand centre d’Adana bloqué par le Nord ne pouvait plus être ravitaillé qu’à la faveur de débarquements sur la plage de Karatach où ils sont à la merci de la moindre houle.
Voilà pourquoi une division entière, placée sous les ordres du général Goubeau, se mit en marche le 12 octobre avec la mission de rétablir le calme dans la plaine cilicienne.
Réunie à Toprak-Kalé, au Nord d’Alexandrette, la division Goubeau franchit le Djihoun, nettoya toute la boucle du fleuve, faisant tomber par sa manœuvre les organisations défensives des Turcs, dont les défenseurs n’attendirent pas le choc des troupes françaises. La colonne continua alors sa marche sur le Nord de Tarsous. Le 23, elle faisait tomber par une action convergente de ses détachements le repaire kémaliste de Djébel el Kef. Six drapeaux ennemis et deux canons de 77 étaient recueillis au cours de l’opération, six chefs de bandes étaient pris. Le nettoyage de la région continuait ensuite et des avant-