Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 61.djvu/838

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
834
REVUE DES DEUX MONDES.


liste, obstiné et mal conseillé, ne se rendait pas compte que son véritable intérêt était de s’entendre avec nous, comme il l’avait fait avec les Italiens, puisque cela ne pouvait que grandir sa situation, sans engager l’avenir. C’était pour lui le meilleur moyen de conserver au moins notre appui en vue de la conservation de Constantinople, que certains de nos alliés étaient moins que disposés à laisser à la Porte, car nous étions de beaucoup les moins acharnés adversaires de la Turquie. Mais le Pacha, poussé sans doute par l’intransigeance des extrémistes de son parlement d’Angora, nous accusa d’une déloyauté qu’il avait été le seul à manifester. Il saisit le prétexte d’une opération de police faite à Héraclée par des troupes françaises venues de Constantinople pour proclamer que nous avions violé nos engagements. Or, l’armistice conclu n’affectait que le front de Cilicie, relevant seul du commandement du général Gouraud, et ce dernier ignorait tout d’une initiative prise à ce moment à Constantinople, sans qu’il en ait eu le préavis.

En somme, la conciliation ne fut que très relative et de courte durée. Mais l’armistice avait eu d’heureux résultats. Car, si les hostilités reprirent en Cilicie, très activement, il n’en fut pas de même dans les territoires de l’Est, pendant tout le mois de juillet. Ce répit très nécessaire, et combiné avec l’arrivée des renforts, allait nous permettre d’imposer enfin nos conditions à Feyçal.

Profitant en effet de l’accalmie, le général de Lamothe regroupe ses forces. Il évacue au début de juillet tous les postes à l’Est de l’Euphrate, puis Biredjik et Djerablous. La division se replie sur elle-même. Ses troupes, groupées dans la région de Katma et celles du général Goubeau qui vient de prendre le commandement à Alexandrette, réunies à El-Hammam, au total 8 bataillons et 7 batteries, se tiennent prêtes à marcher sur Alep.

En même temps, l’arrivée d’une brigade sénégalaise, qui porte à quatre divisions de quatre régiments chacune le total de nos troupes, en y comprenant la division que le général Goubeau a amenée de Constantinople, permet de former en Békaa, face à Damas, une masse de dix bataillons et huit batteries, que deux groupements secondaires couvrent, l’un dans la trouée Tripoli-Homs, l’autre dans le Merdj Ayoun.

C’est le moment même où, grâce aux renforts parvenus, à la concentration de la division de Lamothe, et au développement