Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 61.djvu/829

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
825
L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE.

barraient la route à la sortie de l’âpre défilé de Khan Meiseloun. Cette armée de Feyçal soutint le choc.

Organisés, commandés et inspirés par le ministre de la guerre de Feyçal, Youssef bey Azmé, ancien officier turc sorti de la Kriegsakademie de Berlin, les Chérifiens se battirent bravement et imposèrent des pertes à nos troupes. Mais le cœur des soldats français, l’esprit de manœuvre de leurs chefs, et notre outillage supérieur devaient gagner la partie. Déjà Feyçal avait pris le large vers l’Est. Au moment où la lutte qu’il avait provoquée par tous les moyens devenait un fait accompli, il fuyait la bataille, où son commandant en chef Youssef Bey avait du moins trouvé la mort digne d’un soldat.

Dès que la défaite fut connue à Damas, le Gouvernement fit connaître au général Gouraud que la résistance cesserait immédiatement, que toutes ses conditions étaient acceptées, y compris la première que le général avait ainsi libellée : « L’émir Feyçal a cessé de régner. » Le pays paierait une contribution de guerre, et le désarmement serait général.

Ainsi, le danger chérifien que certains prétendaient si redoutable s’effondra en un jour comme un château de cartes, et la chute même de Feyçal, fils de chérif et chérif lui-même, laissa le peuple indifférent.

Après Damas, nos troupes occupèrent successivement Alep, Homs et Hama. Partout elles furent accueillies avec empressement, par ces populations que les agitateurs extrémistes représentaient naguère comme prêtes à se faire massacrer plutôt que de supporter l’ingérence étrangère dans leur pays.

Car chacun était las de l’arbitraire chérifien, pire que le despotisme turc. Il n’avait apporté ni la liberté, ni l’ordre, ni la justice, ni la prospérité espérées, mais, au contraire, l’insécurité publique, la conscription obligatoire, l’accroissement de l’impôt et le marasme commercial. Aussi l’arrivée des Français, qui manifestaient l’intention d’entrer résolument dans la voie des réalisations politiques et économiques, fut-elle saluée unanimement comme l’aurore d’une vie nouvelle qui allait permettre mfin aux populations syriennes, conseillées par les techniciens de la nation mandataire, de poursuivre leur évolution et d’atteindre le haut degré de développement auquel elles aspiraient.

L’épouvantail chérifien abattu, tout s’arrangea en Syrie comme par enchantement, et notre alliance avec le pays s’af-