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L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE.

42 000 livres égyptiennes, soit plus de 2 millions de francs de notre monnaie, sept d’entre eux, dont la désignation datait d’ailleurs du régime turc, se proposaient de se rendre à Damas pour prêter hommage au nouveau roi de Syrie. Ils devaient ensuite l’accompagner en Europe, afin de demander à la Conférence de la Paix, contrairement aux vœux maintes fois exprimés par les populations et par leurs représentants qualifiés, le rattachement du Liban à l’État syrien sous l’égide de Feyçal et à l’exclusion du mandat français. Arrêtés au cours de leur voyage à Damas où ils allaient exécuter leur complot, ils firent des aveux complets qui ne laissaient aucun doute sur les machinations hostiles des autorités chérifiennes.


Cette fois, la mesure était comble : il était impossible à la France de tolérer plus longtemps les folles provocations de son étrange allié. L’expérience chérifienne, tentée avec bonne foi et loyauté, de notre part, depuis novembre 1919, avait échoué. Le Gouvernement de la République va se montrer décidé à imposer en Syrie l’ordre qu’il a reçu mission de la Conférence de la paix d’établir et de maintenir. Et devant cette volonté bien arrêtée, Feyçal devra se soumettre ou céder la place.

Le 14 juillet, au nom de son Gouvernement, le général Gouraud adressait à l’Émir un ultimatum qui, rappelant tout d’abord la longue suite des actes hostiles des autorités chérifiennes, précisait ensuite les garanties que la France se voyait dans l’obligation de prendre pour assurer la sécurité de ses troupes et celle des populations des territoires confiés à son mandat. Ces garanties étaient les suivantes :

1° Disposition absolue de la ligne de chemin de fer Rayak-Alep, assurée par le contrôle du trafic, la garde des voies, et l’occupation d’Alep ;

2° Abolition de la conscription obligatoire et licenciement de l’armée chérifienne, qui devait revenir à ses effectifs de décembre 1919 ;

3° Reconnaissance du mandat français ;

4° Acceptation de la monnaie syrienne, émise par la France au pair du franc et déjà en cours dans la zone Ouest ;

5° Châtiment des criminels de droit commun condamnés en zone Ouest et réfugiés en zone Est.

Le délai d’acceptation, fixé à 4 jours par le général Gouraud,