Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 61.djvu/805

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE

I. — LE GÉNÉRAL GOURAUD PACIFICATEUR

Le 11 novembre 1920, la France a honoré avec recueillement et fierté la gloire de tous les deuils qui furent la rançon de sa victoire. Sur la route de l’Arc triomphal, Paris saluait ce jour-là l’humble et grandiose représentant de nos quinze cent mille morts. La foule sut aussi offrir un émouvant hommage de reconnaissance au cortège des frères d’armes qui suivaient la dépouille sacrée. N’étaient-ils pas, eux aussi, ces vivants, les auteurs immortels de l’Œuvre de Victoire ?

Le nom de l’un d’eux fut vite dans toutes les bouches, et l’on entendit : Gouraud. Paris, sa ville natale où bat le cœur de la France, avait reconnu la silhouette de celui à qui l’armée et le pays ont gardé une grande place dans leur affection et leur reconnaissance. Le Gouvernement de la République avait compris que Gouraud devait être là, et il l’avait invité à cette fête de la Victoire qui était un peu la sienne. Alerte, malgré tant d’épreuves qui auraient abattu tout autre que lui, le Général suivait à pied le corps du Soldat de France, son camarade.

Un an plus tôt, fidèle à la consigne, il était parti, quittant l’Alsace bien aimée qui s’était si passionnément donnée à son grand cœur, pour le Levant où ne l’appelait certes pas l’ambition de nouveaux lauriers.

Pourquoi ce lointain voyage lui avait-il été imposé ? Comment s’était déroulée cette année de séjour remplie de tant de difficultés et heureusement couronnée par le succès ? Que