Qu’est-il donc entre vous de changé ?
Rien… sinon que tantôt, chez votre fiancée,
Vous aviez lieu de craindre une arrière-pensée.
Car Clorinde est habituée au luxe, et ne peut avoir été séduite par la modeste fortune de Mucarade. Il va plus loin, Fabrice :
Ah ! que puisse le ciel me garder une femme
Comme vous éprouvée et passée à la flamme !
Et s’enfonçant avec volupté dans le mensonge, voulant maintenant ramener son père à Clorinde :
Eh ! Seigneur,
Sont-ce des sûretés qu’il faut à votre honneur ?
Le repentir en offre autant que l’innocence…
Clorinde se refuse à servir encore « de proie aux riches libertins. » « Je ne pourrai jamais, plutôt la mort ! » s’écrie-t-elle en éclatant en sanglots sincères et en tombant aux pieds du vieillard, qui naturellement la prie de rester. Et Clorinde, naïve et confiante, d’appeler Fabrice « son véritable ami. »
Fabrice, après avoir renoué les liens entre Clorinde et Mucarade, va de nouveau s’employer à les rompre. Comment ? Par de nouveaux mensonges, par une autre comédie dans laquelle la douleur et la honte de son père seront en jeu. Même il y mêlera sa sœur Célie, qu’il respectera moins que ne le fait Clorinde. Il se donne pour un prince original et richissime qui voyage afin de trouver à se marier, et ne regarde ni au bien ni à la naissance. « Ne laissez pas échapper une si belle occasion de marier ma sœur, » écrit-il dans une lettre qu’il dit tenir (lui qui s’est fait passer pour un ami de Fabrice) de Fabrice lui-même. Il manœuvre en sorte que Clorinde connaisse cette lettre. Clorinde doute :
…Votre fils vous fait une plaisanterie.
Mais Mucarade d’observer :
Il n’y mêlerait pas sa sœur, croyez-le bien.
Il se trompe, le vieillard.
Quel est le but de Fabrice ? D’éblouir Clorinde par ce titre et par cette fortune et de se faire aimer d’elle. Il y ajoute des œillades qu’il croit irrésistibles. Il est, d’ailleurs, élégant cavalier.