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STÉPHANE.

C’est bien, monsieur ; les choses sont de sorte
Que vous avez le droit de me mettre à la porte.

(Il sort.)


SCÈNE II

LUCIEN. — GABRIELLE.



GABRIELLE.

Je ne vous aime plus, monsieur, vous le savez.
Satisfaites-vous donc comme vous le devez ;
Je ne me défends pas et j’ai l’âme trop haute
Pour détourner de moi la peine de ma faute.

(Lucien brûle la lettre en silence, puis il s’approche de Gabrielle et, lui remettant un portefeuille.)

LUCIEN.

A la dot de ta fille ajoute cet argent.
Mon client s’est montré débiteur diligent,
Et si tous me payaient avec cette largesse,
Camille aurait bientôt une dot de duchesse.
Va, va ! J’ai bon espoir de la bien marier ;
Dieu bénit le travail de l’obscur ouvrier
Et si mon existence est triste et fatiguée,
Celle de notre enfant sera facile et gaie.

(Gabrielle tombe à genoux.)

LUCIEN.


Que fais-tu ?

GABRIELLE.


Laissez-moi, laissez à vos genoux
Celle qui n’ose plus lever les yeux sur vous !

(Lucien la relevant.)

LUCIEN.


C’est trop d’honneur pour moi, mais puisque tu me loues
De ce peu que je vaux, apporte-moi tes joues.

GABRIELLE, se jetant dans ses bras.


Lucien !