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pour la politique britannique. Il ne faut dès lors chercher, dans les directives du cabinet de Londres, aucune idée constructive, aucun plan pour rebâtir ce que la guerre a abattu ; tout est ramené à l’étiage de l’intérêt anglais immédiat. On tiendra la main à ce que ni la Russie ni l’Allemagne ne se reconstituent assez vite pour redevenir menaçantes, l’une pour l’Empire britannique d’Asie, l’autre pour sa suprématie navale et économique. Il est bon de veiller aussi à ce que la France, qui s’est couverte de gloire pendant la guerre et qui a sauvé l’Empire britannique, ne soit pas trop tentée de poursuivre de trop vastes entreprises commerciales, industrielles, financières, qui assureraient son indépendance économique à l’égard de la Grande-Bretagne. Il est prudent de la laisser en face d’un péril allemand qui lui rappelle qu’elle a besoin de l’amitié britannique. Ainsi l’Angleterre sera partout présente en Europe, ses intérêts mêlés à tous les intérêts des autres États, et il s’établira une solidarité des affaires qui assurera la paix plus sûrement que les armées et la Société des Nations… Telle est l’ample combinaison, simple dans sa conception, compliquée dans sa réalisation, que l’Empire britannique, victorieux par son effort associé à celui des autres Puissances alliées, travaille à mettre sur pied à son bénéfice.


RENE PINON.