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vie sociale de la Rhénanie ; ils cherchent le moyen de constituer un noyau autour duquel pourra s’harmoniser tout le travail allemand. Avec un obscur souvenir du temps napoléonien, ils parlent de constituer une « Chambre du travail » ou la classe moyenne jouera le rôle directeur et reprendra les traditions démocratiques abolies.

L’heure est venue pour nous de rappeler à ces Rhénans désorientés et inquiets toutes les belles vertus sociales, toutes les hautes préoccupations d’équilibre et d’harmonie, que leurs ancêtres groupaient autrefois autour des Chambres de commerce françaises et dont quelques feux subsistent encore aujourd’hui ! Le bel épanouissement de vie active que les administrateurs français, les Lezay-Marnesia, les Ladoucette, les Kepler, les Jean Bon Saint-André, ont créé sur le Rhin, n’était pas porté seulement par la volonté des fonctionnaires et l’activité de l’Etat ; il avait sa source dans les organisations où s’assemblaient les notables du Rhin. La « Chambre du travail » à laquelle songent les Rhénans aujourd’hui, c’est la Chambre de commerce fondée par leurs pères avec les Français.


Et maintenant, pour finir, comme nous avons coutume, j’entends cette question : quelle conclusion pratique donnerez-vous à cette leçon ?

Ma conclusion sera d’un interprète de la tradition française plutôt que d’un économiste ou d’un conseiller du commerce extérieur. Si vous désiriez les avis d’un administrateur, nous serions tous d’accord pour les solliciter de l’homme éminent[1] qui nous fait l’honneur d’assister à ce cours, et qui nous répondrait que la sagesse d’un administrateur diplomate ne se distribue pas dans la chaire d’un enseignement public. Je souhaite que la Chambre de commerce française de Mayence entre en rapport avec les Chambres de commerce rhénanes pour examiner les meilleures conditions de reprise commerciale entre la France et la Rhénanie. Notre gouvernement a dès maintenant fait connaître son intention de rétablir les relations économiques avec l’Allemagne. Le problème des réparations va se discuter. Il est impossible qu’à la suite de ces discussions les barrières artificielles créées par le gouvernement de Berlin,

  1. M. Tirard, haut-commissaire de la République française dans les provinces du Rhin.