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ses années d’apprentissage comme secrétaire d’un maire français du grand-duché de Berg ; celle de Trêves, par l’Alsacien que nous venons de nommer, Guillaume Rautenstrauch ; celle de Cologne, par Ludolf Camphausen, qui s’en était allé d’Aix-la-Chapelle à Paris avant de s’installer définitivement à Cologne.

Entre toutes ces Chambres, celle de Cologne continua à jouer après le départ des Français le rôle prépondérant. Dans son rayonnement se forma, durant toute la première moitié du XIXe siècle, une jeune génération de commerçants qui travailla avec succès à l’essor de la ville. Tous ces gens continuaient à vivre avec les conceptions de l’Empire français : le souci d’équilibrer les différentes branches de l’activité économique et d’harmoniser les différentes classes, et puis la préoccupation d’assurer au groupement des gens éclairés la direction de la vie économique et sociale.

Le jeune banquier Mevissen, à Cologne, est le porte-parole de ces Franco-Rhénans. Il a bien compris l’effort et l’idéal des administrateurs napoléoniens, et nulle part la doctrine française n’est mieux exposée que dans les lettres et les écrits de ce jeune Rhénan. « Ce qu’il y a de plus important pour la vie de l’Etat, déclare-t-il, c’est la création d’une classe moyenne nombreuse et indépendante. Elle forme la base d’où s’élèvent des individualités pour monter aux plus hautes sphères de la vie libre. La classe moyenne possède l’inestimable avantage d’avoir un pied dans le domaine des nécessités matérielles, un autre dans le domaine de la liberté, et par conséquent de ne pas courir le danger de méconnaître son rôle politique. » — Dans le même esprit, il souhaite que « l’industrie serve d’intermédiaire entre les différents groupes de la population, et qu’elle contribue à la disparition du système des castes et des classes. »

Mais que de difficultés, chaque jour grandissantes, rencontraient ces continuateurs de la grande entreprise française ! Leurs efforts étaient continuellement entravés, annulés par l’opposition de la bureaucratie prussienne. Sur cette opposition nous avons des textes, et qui ne sont pas suspects de partialité. Ouvrons les tomes compacts que le protestant Hansen a consacrés à la biographie de notre banquier rhénan Mevissen. A chaque page, ce sont des plaintes, des impatiences, des reproches de toute