A la suite de son voyage de 1804, Napoléon ordonne qu’une exposition sera organisée tous les ans à Aix-la-Chapelle (sur la grande place, derrière la nouvelle redoute), à laquelle pourront participer tous les fabricants et manufacturiers du département de la Roër, une exposition où un jury d’industriels distribuera des médailles d’or et d’argent, solennellement, le jour de la fête de Charlemagne, avec discours du préfet, concours des autorités et « toute la pompe convenable, » comme s’exprime le décret.
En 1806, pour fêter Austerlitz et manifester la puissance industrielle de la France, une grande exposition est organisée place des Invalides, à Paris. « Une espèce de tableau vivant de la statistique industrielle de la France. » C’est encore ainsi que parle le décret. Cent exposants sont venus du département de la Roër, parmi lesquels les fabricants d’aiguilles d’Aix-la-Chapelle obtinrent une médaille d’or, le fabricant d’épingles Laurent Jecker une médaille d’argent, et plusieurs fabricants de Casimir, de nankin et de rubans, de Crefeld, de Cologne et d’Aix-la-Chapelle des mentions honorables.
Et encore à Trêves, en 1808 et 1810, se tiennent d’autres expositions artistiques et industrielles, avec le concours de la Chambre de commerce de Trêves et de la Société des recherches utiles du département de la Sarre.
En même temps que ces grandes expositions régionales et nationales, qui stimulent l’imagination industrieuse du Rhin, Napoléon crée, en vue d’objets très précis, des concours et des primes. Il veut susciter des inventions dont il reconnaît l’utilité pour le bien public. Successivement il promet vingt-cinq mille francs à l’inventeur qui trouvera le moyen pratique de teindre en bleu de Prusse les lainages et cotonnades ; cent mille francs à qui découvrira une plante indigène, aisément cultivable, dont on pourrait extraire une matière colorante remplaçant l’indigo ; cinq mille francs pour la fabrication d’un fil de fer utilisable dans les filatures de coton et de laine ou d’aiguilles à coudre ; un million, par décret du 10 mai 1810, à qui construira la meilleure machine pour filer le lin et pour fabriquer des étoffes analogues à la mousseline et au brocart. L’Etat français va jusqu’à fournir directement des avances et des secours à l’industrie et au commerce : au cours de la crise économique de 1810 à 1811, il ne distribue pas moins de dix millions de francs.