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depuis le début de la guerre et surtout depuis la révolution. De là des augmentations de dépenses formidables; Veut-on quelques exemples? En 1914,il y avait dans les administrations impériales civiles un peu moins de cinq mille cinq cents employés. Il y en a aujourd’hui plus de quatre-vingt mille. — Erreur grossière, diront les Allemands; cet accroissement de personnel n’est qu’apparent; il provient de ce que le ministère des finances du Reich a absorbé toutes les administrations financières des États particuliers. — Oui, cette absorption a eu lieu, mais elle a compris, en tout, cinquante-cinq mille fonctionnaires, et il en reste, par conséquent, vingt-cinq mille qui viennent d’ailleurs. C’est-à-dire que le nombre s’est accru, depuis la guerre, dans la proportion de cinq à un. Les Chambres françaises n’en sont pas encore là. Sur les quatre-vingt-deux mille cinq cents emplois qui figurent au budget de 1920, on peut en relever plus de treize mille huit cents qui sont de création nouvelle; et c’est ainsi que l’Allemagne débitrice comprend son devoir d’économie.

Encore ces chiffres n’englobent-ils pas les exploitations industrielles, de l’État. Si nous jetons un coup d’œil de ce côté, nous serons stupéfaits. Voilà un pays vaincu, qui se plaint de la misère et de la disette; il va être sans doute forcé de resserrer les services qui assurent les correspondances et les transports et qui doivent être les premiers à souffrir de la gêne économique. C’est exactement le contraire. Avant la guerre, l’administration des postes et télégraphes employait environ cent soixante-huit mille personnes. Aujourd’hui, dans un pays moins vaste, elle occupe deux cent cinq mille titulaires et cinquante-cinq mille auxiliaires. En 1914; il y avait, dans l’administration des chemins de fer, trois cent mille employés permanents ou temporaires; on en compte aujourd’hui quatre cent vingt mille pour un réseau moins étendu. Il faut croire que, si les wagons manquent pour transporter le charbon de la Ruhr, ces employés ont, tout de même, quelque part, des wagons à faire marcher.

Pour peu que nous entrions plus avant dans l’examen du budget de l’Empire, nous serons amenés à faire encore d’intéressantes découvertes. Le crédit inscrit pour les pensions atteint trois milliards neuf cent soixante-sept millions de marks. Sur ce chiffre, trois milliards six cent soixante-sept millions proviennent de la guerre. Mais, par l’article 236 du traité de Versailles, l’Allemagne n’a-t-elle pas accepté que ses ressources économiques fussent directement affectées aux réparations et, parmi les réparations, le paragraphe 5 de l’annexe I n’a-t-il pas rangé nos propres pensions aux victimes militaires de la