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mille tonnes par mois, au lieu des deux millions stipulés à Spa. Telle est la réponse que M. Bergmann vient de transmettre à la Commission par ordre de Berlin, et c’est encore le Conseil Suprême qui se chargera, sans doute, de régler ce conflit.

D’après les nouvelles de Londres, il semble, au contraire, que l’ordre du jour ne doive pas comprendre, si urgente qu’elle soit, la question des réparations. Non pas que les Gouvernements ne se réservent point de la traiter eux-mêmes. Mais quand l’évoqueront-ils? On ne le sait plus. La conférence de Bruxelles a suspendu ses travaux et jusqu’ici elle semble avoir été obligée, par les instructions qu’elle avait reçues, de s’en tenir à des discussions un peu théoriques. Les quatre étapes dont étaient convenus MM. Lloyd George et Georges Leygues seront-elles ou ne seront-elles pas maintenues? La méthode suivie sera-t-elle une fois encore bouleversée? La seule chose qui paraisse sûre, c’est que le gouvernement anglais persiste à vouloir faire dépendre du plébiscite en Haute-Silésie la détermination de la dette allemande. J’ai déjà montré que cette prétention, inspirée par M. Keynes, repose sur une confusion entre la responsabilité du débiteur et sa capacité actuelle de paiement. Je suis convaincu que, si la Commission des réparations, outillée comme elle l’est aujourd’hui, était appelée à jouer dans la détermination de la créance le rôle auquel elle a droit, elle aurait aisément raison des sophismes dont l’Allemagne enguirlande sa mauvaise volonté. En tout cas, l’un des experts de Bruxelles, M. Cheysson, était hier encore celui de la Commission, et il doit avoir entre les mains les documents et les statistiques qu’un établissement de haute valeur scientifique, l’institut Solvay de Bruxelles, a été chargé par la Commission de préparer et de réunir. Il y a, sans doute, dans ces dossiers, des données précises sur l’état économique de l’Allemagne, sur les moyens qu’elle a de s’enrichir rapidement et sur la part qu’elle peut faire aux Alliés dans ses revenus annuels, sans être arrêtée dans son relèvement.

Et puis la Commission et les experts auront, je l’espère, la curiosité de se renseigner sur le budget allemand. Ils verront que les impôts sont encore de moitié inférieurs aux nôtres et qu’ils ne sont pas régulièrement perçus. Mais ils trouveront aussi, aux dépenses, une multitude de postes tout à fait injustifiables. Ils constateront, d’abord, avec quelque surprise, que, pour une population diminuée, — diminuée par les combats et par les perles de territoires, — le nombre des fonctionnaires n’a pas cessé de croître en Allemagne