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passé, le 10 août 1920, à Sèvres, entre l’Empire britannique, la France, l’Italie et le Japon, d’une part, et la Grèce, d’autre part, il y a deux parties distinctes, un préambule et trois chapitres comprenant vingt articles. L’Angleterre ne parait pas disposée à modifier le traité lui-même, mais peut-être reconnaîtrait-elle que les considérants et la conclusion du préambule ne sont plus tout à fait en harmonie avec les événements. « La France et la Grande-Bretagne renoncent, en ce qui les concerne, aux droits spéciaux de surveillance et de contrôle qui leur avaient été reconnus vis à vis de la Grèce par le traité de Londres du 7 mai 1832, par le traité de Londres du 14 novembre 1863, et, en ce qui concerne les îles ioniennes, par le traité de Londres du 29 mars 1864. » Pourquoi ne pas revenir, au moins provisoirement, sur cette renonciation ? Vénizélos nous avait montré une Grèce très rapidement grandie et nous l’avions crue majeure. Elle vient de nous avouer qu’elle était encore mineure. Prenons un peu de temps ayant de lui accorder un affranchissement irrévocable.

Mais l’Orient ne retiendra pas seul l’attention du Conseil suprême : du traité de Sèvres, les premiers ministres seront forcés de revenir au traité de Versailles, et ce nouvel examen ne leur laissera pas le loisir de chômer. Ils auront, d’abord, à se prononcer sur le désarmement de l’Allemagne. C’est un rocher que, depuis deux années, les Sisyphes alliés essaient vainement de pousser devant eux sur la pente de la montagne. Au mois de mars 1919, la Chambre française des députés avait été très émue d’apprendre qu’il était question de maintenir à trois cent mille, puis à deux cent mille hommes, l’armée qu’on permettrait à l’Allemagne de conserver. Tous les groupes politiques se réunirent et, à l’unanimité, ils réclamèrent qu’il ne fût toléré, dans le Reich, ni force armée, ni armement. M. Maurice Raynaud avait été le promoteur de cette manifestation parlementaire et, sur sa demande, une adresse avait été envoyée à tous les membres de la Conférence de la paix. « Lorsque l’Allemagne partit à la conquête du monde, était-il écrit dans cet appel collectif, elle ne dissimula pas ses ambitions; les Puissances secondaires, Danemark, Hollande et Suisse, devaient être absorbées au point de vue politique et économique; la Belgique et le Nord de la France devaient être annexés purement et simplement. La victoire des Alliés a détruit ce rêve mégalomane. Si les Alliés voulaient profiter de leur victoire de la même manière que l’Allemagne voulait utiliser le triomphe qu’elle escomptait, l’Allemagne serait dépecée. Tels ne sont pas nos buts... Dès lors, pourquoi