significatif. On a attendu de lui, dans sa réponse au toast du Roi ou dans une de ses multiples allocutions, une adhésion aux aspirations nationales italiennes : aucune n’est venue. Recevant des journalistes italiens au Quirinal, il a risqué cette plaisanterie : « New-York est certainement la plus grande ville italienne du monde ; j’espère bien cependant que vous n’élèverez pas de prétention sur elle. »
Les enseignements discrets, mais clairs, des premiers contacts avec le Président des États-Unis ne tempèrent nullement l’ardeur des champions de l’expansion italienne. L’opinion publique, surchauffée par eux, demeure hypnotisée sur Fiume et sur la Dalmatie, quand la délégation italienne à la Conférence de la paix arrive à Paris.
Les hommes qui la composaient, MM. Orlando, Sonnino, Salandra, Barzilai, Salvago-Raggi, offraient entre eux, en dépit de différences d’origine et de tempérament, cette analogie d’avoir tous été des interventistes militants, des partisans déclarés et actifs de l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de l’Entente, des adhérents à ce fascio (faisceau) parlementaire, qui avait incarné et prêché la résistance à outrance et la lutte jusqu’à la victoire finale. C’était, à leurs yeux et à ceux de leurs compatriotes, un titre à la bienveillance des délégations alliées et même associées ; effectivement, c’en était un. C’était aussi pour eux une raison, s’ajoutant à leur patriotisme, de souhaiter que la politique interventiste trouvât dans les résultats concrets de la guerre une justification pleinement suffisante à satisfaire le sentiment national. À cette considération, aucun d’eux ne pouvait être indifférent. La paix qu’ils signeraient ne pouvait pas, en infligeant une déception sentimentale à eux-mêmes et à leurs disciples, démentir les espérances fondées sur la victoire et sur l’alliance anglo-franco-italienne.
L’intérêt français et anglais, en tant qu’il était lié au maintien de cette alliance, se confondait dans une certaine mesure avec leur préoccupation. La France et l’Angleterre étaient, elles aussi, intéressées à épargner à l’Italie une déception de nature, sinon à la détourner d’elles, au moins à l’en éloigner. Rapports anglo-italiens et rapports franco-italiens étaient donc impliqués au premier chef dans le guêpier adriatique.
Pire guêpier s’était rarement vu. L’Italie butée sur Fiume et sur la Dalmatie ; la Yougo-Slavie lui contestant l’une, l’autre,