Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 61.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partie d’une fortune suspecte. Un autre ira jusqu’à la cruauté brutale : Henri, élevé, avec sa sœur, depuis son enfance, par M. Caverlet qu’il croit son beau-père, professe à son égard l’estime et l’affection le plus méritées. Mais, lorsque, venant d’apprendre que M. Caverlet n’est pas le mari légitime de sa mère, il le voit prêt à embrasser sa sœur, il s’écrie : « Je vous défends de toucher de vos lèvres le front de cette enfant… Depuis quinze ans, je crois vivre dans l’honneur… et je vis dans l’opprobre, etc. » ce jeune homme est d’une correction un peu farouche.

Augier exige des jeunes gens des inflexibilités de cet ordre, mais il leur permet de faire des dettes, de s’afficher avec des filles, comme Mlles Aurélie et Taffetas. Il trouve cela, non seulement naturel, mais désirable, et, si d’aventure il nous présente un jeune homme vertueux, ce sera pour s’en moquer, comme il le fait, dans le Fils de Giboyer, du comte d’Outreville, qui ne conquiert l’estime et la camaraderie d’une altière jeune fille qu’après avoir fait à sa robe d’innocence (à lui) de tels accrocs « qu’elle n’en est plus mettable. »

Mme Fourchambault accepte avec une indulgence souriante que sous son propre toit, son fils ait séduit une jeune fille à laquelle elle a donné l’hospitalité.

Un manuscrit des Archives de la Comédie-Française donne, à l’appui de ce que nous venons de dire, deux scènes où sont avouées, non sans audace, les complaisances de Mme Fourchambault pour les intrigues amoureuses que, — croit-elle, — son fils entretient sous le toit familial.

Les voici :

SCÈNE II

LES MEMES. — RASTIBOULOIS.



RASTIBOULOIS, à Fourchambault. — Bonjour, cher. (Baisant la main à Mme Fourchambault.) Comment se porte votre grâce ?
FOURCHAMBAULT- — Elle a mal aux dents.
Mme FOURCHAMBAULT. — Non pas du tout, un peu de, névralgies.
RASTIBOULOIS. — A la bonne heure ! J’avais bien entendu parler de turquoises malades, mais de perles… jamais.
Mme FOURCHAMBAULT, à part. — Il n’y a que lui ! (Haut.) Vous avez peut-être à causer, Messieurs ?