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Landstuhl (au diocèse de Spire, c’est-à-dire dans un pays plus qu’à demi protestant), s’élève une nouvelle et imposante construction, qui ressemble presque à un château princier ou à l’établissement] magnifique d’un grand seigneur de l’industrie, C’est un orphelinat catholique, organisé comme un couvent et administré par des sœurs. Un vieux prêtre y consacre son temps et sa fortune ; comme un des grands défenseurs de l’Église du Moyen Âge, il a voulu en faire l’unique objet de ses préoccupations et de ses efforts. Ce sont là des choses qui excitent l’enthousiasme du Palatin. Une sorte de fierté patriotique s’empare de lui à la vue d’un tel établissement religieux, eût-il envie d’en médire à un autre point de vue. On pourrait en dire autant d’un grand nombre de fondations ou d’associations religieuses, qui se sont développées ces derniers temps dans un pays, où, il y a peu d’années encore, on aurait pu les chercher en vain en plein midi avec une lanterne. » (Les Palatins, 1857, p. 401.)

Pourquoi cette louange chez des protestants ? Par élan spontané et parce que d’honnêtes gens admirent tout naturellement ce qui est beau et bon. Et puis, de ces institutions les protestants eux-mêmes profitaient. L’Annuaire catholique du Rhin fait expressément remarquer que « les congrégations catholiques qui soignent les malades ne limitent pas leur activité aux gens de leur religion et se consacrent avec un égal dévouement à toutes les personnes qui sollicitent leurs soins et leur assistance. De nombreux cercles de la population protestante ne manquent jamais de s’adresser à elles, quand cela est nécessaire. » (Kirchliches Handbuch, 1907-08, p. 181).

Depuis 1870. — Hélas ! la guerre de 1870 rompit les liens entre, les œuvres de charité rhénanes et les œuvres de charité françaises[1]. La maison provinciale des sœurs de Saint-Charles à Trêves fut séparée de la maison mère de Nancy. Le centre charitable s’éloigna des régions françaises. De Trêves et du pays mosellan, il alla s’installer à Cologne d’abord, puis

  1. Et pourtant, les regards en secret demeuraient tournés vers la France. Quand la congrégation rhénane des sœurs du Pauvre Enfant Jésus, au moment du Kulturkampf, est expulsée de la Prusse rhénane, c’est à Nancy qu’elle vient passer les jours mauvais (auprès du curé Trouillet, dans le domaine du petit Arbois.)