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l’Angleterre d’aujourd’hui ne commette pas la faute qui a coûté si cher à la Russie d’alors !

— Vous savez bien que vous prêchez un convaincu, fait Buchanan avec un geste de découragement.

D’heure en heure, l’émotion s’accroît dans le public. La note suivante est communiquée à la presse :

Le Gouvernement impérial suit attentivement l’évolution du conflit austro-serbe, qui ne peut pas laisser la Russie indifférente.

Presque en même temps, Pourtalès fait savoir à Sazonow que l’Allemagne appuie naturellement, comme alliée de l’Autriche, les légitimes revendications du cabinet de Vienne contre la Serbie.

De son côté, Sazonow conseille au Gouvernement serbe de solliciter sans retard la médiation du gouvernement britannique.

A sept heures du soir, je me rends à la gare de Varsovie pour dire adieu à Iswolsky, qui rejoint en hâte son poste. Sur les quais, l’animation est vive : les trains sont bondés d’officiers et de soldats. Cela sent déjà la mobilisation. Nous échangeons rapidement nos impressions et nous concluons de même :

— Cette fois, c’est la guerre.

Rentré à l’Ambassade, j’apprends que l’Empereur vient d’ordonner les mesures préliminaires de la mobilisation dans les circonscriptions militaires de Kiew, d’Odessa, de Kazan et de Moscou. De plus, les villes et gouvernements de Saint-Pétersbourg et de Moscou sont déclarés en état de siège. Enfin, le camp de Krasnoïé-Sélo est levé et les troupes sont renvoyées, dès ce soir, dans leurs garnisons normales.

A huit heures et demie, mon attaché militaire, le général de Laguiche, est mandé à Krasnoïé-Sélo pour conférer avec le Grand-Duc Nicolas Nicolaïéwitch et le général Soukhomlinow, ministre de la Guerre.


Dimanche, 26 juillet 1914.

Cet après-midi, quand je vais chez Sazonow, mon impression est meilleure.

Il vient de recevoir mon collègue d’Autriche-Hongrie, le comte Szapary, et l’a convié « à une franche et loyale explication. »