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féliciter des accords par lesquels on a prétendu corriger et améliorer ce traité !

Malgré les efforts désespérés que font les derniers défenseurs des conventions de Spa, les fatales conséquences de ce regrettable arrangement frappent maintenant tous les yeux. M. Maurice Barrès a montré à la Chambre avec quel sans-gêne l’Allemagne a exécuté cet accord et comment elle a, en partie, détourné de la destination prévue les cinq marks or par tonne dont nous lui avons fait gracieusement l’avance, pour la déterminer à livrer le charbon promis. Ces cinq marks devaient aller aux mineurs allemands pour les ravitailler et les encourager au travail. Les mineurs n’ont guère vu la couleur de cet argent et personne ne peut dire, avec exactitude, où il est passé. Ce qui est sûr, c’est que, dans les trois mois d’août, de septembre et d’octobre, la France a payé, pour cette prime de cinq marks, dix-neuf millions cent mille francs, et que l’Allemagne les a encaissés; et ce qui n’est pas moins sûr, hélas! c’est qu’en vertu des mêmes accords et dans les trois mêmes mois, nous avons avancé au Reich trois cent quatre-vingt-six millions trois cent soixante-douze mille francs, pour qu’il eût l’obligeance de nous envoyer le charbon qu’il nous doit; et ce merveilleux contrat, puisque contrat il y a, doit durer jusqu’à la fin de janvier, et il y a, paraît-il, des gens qui songent à le renouveler !

M. Jean Herbette a cependant présenté, il y a quelques jours, à ce propos, des observations dignes d’être retenues. L’article 296 du traité de Versailles institue des offices de vérification et de compensation qui sont chargés de régler certaines catégories d’obligations pécuniaires, dettes exigibles avant la guerre et dues par les ressortissants d’une des Puissances contractantes aux ressortissants d’une Puissance adverse, dettes devenues exigibles pendant la guerre, résultant des transactions passées entre ressortissants de Puissances adverses et restées en souffrance par suite des hostilités, etc. On sait que l’Allemagne vient de suspendre les paiements qu’elle avait à faire dans les bureaux de ces institutions. Jusque-là, notre office d’Alsace-Lorraine avait reçu soixante ou soixante-dix millions de francs. L’office britannique de compensation avait, de son côté, touché environ neuf millions de livres sterling. Mais, par suite des accords de Spa, l’Angleterre n’avait versé à l’Allemagne que deux militons huit cent soixante-seize livres sterling. Elle a donc touché plus de six millions de livres en sus de ce qu’elle a versé; et comme nous-mêmes nous avons versé trois cent trente-cinq ou trois cent quarante millions de