un désir de se rapprocher de Vénizélos. A la suite de cette visite, l’amiral a parcouru les magasins de la rue Hermès pour rassurer les commerçants. Il leur a déclaré qu’il les prenait sous sa garde et qu’ils seraient protégés contre tous les risques. Il a fait la même promesse au maire d’Athènes. Cette démarche a été d’un excellent effet et a rendu un peu de courage aux libéraux qui en avaient grand besoin.
« 29 novembre. — A l’heure actuelle, le plan qu’affiche le Gouvernement grec, soit par calcul et par bluff, soit avec l’intention d’aller jusqu’au bout, quelles que soient les conséquences, consiste à faire disparaître les armes et les munitions des dépôts, et les mettre hors de portée des Alliés. Cet ordre est donné on ne peut plus nettement dans un télégramme chiffré, en date du 12 novembre vieux style, et porte les signatures du chef d’Etat-major Stratigos et du ministre de la Guerre Drakos. Dans cet ordre, adressé à tous les commandants de Corps d’Armée, il est dit textuellement : « de diriger sans retard le matériel loin de la côte et des chemins de fer et de constituer des dépôts autant que possible à l’abri des tentatives de débarquement. »
« Ce qui me paraît le plus redoutable, ce sont les divergences de vues dans les milieux alliés. Elles ne peuvent qu’encourager nos adversaires dans leurs annonces tumultueuses de résistance. Les officiers, les soldats et les réservistes sont déjà armés. Quand ils seront excités à fond, l’Etat-major lui-même ne pourra peut-être plus les retenir tous, même dans le cas où il voudrait finalement céder. »
A la suite des informations reçues à cette date du service des renseignements, les ministres alliés ont convoqué le commandant Roque, chef du contrôle de la police, pour le charger d’appeler en leur nom la plus sérieuse attention de l’amiral Dartige sur la situation actuelle en lui laissant le soin d’apprécier les mesures à prendre.
Il n’y a pas lieu de s’attarder aux innombrables projets que l’on prêtait aux réservistes, les uns sans fondement, les autres très exacts, mais sans qu’aucun présentât un caractère définitif. Il n’en était pas moins vrai qu’un mois avant, le Roi avait offert de céder tout le matériel de guerre sans aucune compensation et qu’à la suite des négociations auxquelles nous nous étions prêtés, nous en étions arrivés à ne plus demander qu’une faible