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d’Allemagne communiquait à la presse germanophile une note destinée à calmer les inquiétudes de la marine marchande hellénique. Il y était dit qu’aucune attaque de sous-marins allemands n’aurait lieu contre les navires grecs qui se trouvaient en règle avec les instructions connues au sujet de la contrebande de guerre visant les bateaux des nations neutres ; on n’attaquerait que les bateaux transportant des révolutionnaires allant renforcer les troupes de l’Entente. Quant à l’accident survenu à l’Angeliki, les Allemands mettaient en doute qu’il fut le résultat d’un torpillage de sous-marin, et il semble bien que c’était la vérité. La note ajoutait que l’Allemagne ne faisait pas la guerre aux Sociétés de Navigation des Pays neutres. Un autre accident, survenu à un cargo-boat grec, était dû non à un torpillage, mais à la rencontre d’une mine.

Ces explications étaient accueillies avec satisfaction et, du reste, le soin avec lequel le gouvernement grec s’attachait à prévenir tous les incidents pouvant porter ombrage aux Allemands était significatif. Le commandant français Roque, chef du contrôle de la police, disait : « Depuis une quinzaine, on se moque de moi. La police me glissa entre les mains et je ne puis obtenir qu’on procède à des enquêtes sur les incidents que je signale comme devant en être l’objet. »

Heureusement, nous procédions nous-mêmes à ces enquêtes par nos propres moyens et, le 3 novembre, l’amiral Dartige, estimant que ces catastrophes étaient dues à des torpillages de sous-marins, demandait officiellement au gouvernement grec la cession à la France de la flotte grecque et la libre disposition de l’arsenal de Salamine, solutions d’autant plus nécessaires qu’un peu plus tard, un autre désastre maritime, l’explosion d’un navire-hôpital anglais, le Britannic, ayant à bord 1 100 hommes, venait d’en démontrer l’utilité. Mais les satisfactions étaient lentes à venir, grâce au mauvais vouloir de nos adversaires.

Le 6 novembre, un automobile parti de Missolonghi avec le lieutenant Bauer, chef du service de Janina, avec M. Taigny, président du contrôle de la dette, et avec un capitaine italien chargé de la police en Epire, était arrêté à douze kilomètres de Janina par une bande armée. Ils furent menacés d’être fusillés et eurent grand peint ; à retourner à Prévéza. Le service des renseignements était prévenu depuis quelque temps que les autorités