des bals travestis et dés mascarades, de la joie débordante et du plaisir violent, quand le pays tremble encore des entreprises de Charles-Quint et des menées d’outre-mer, quand les esprits sont troublés par la Réforme, quand l’inquiétude et la haine religieuses vont substituer le danger plus grand des guerres civiles aux dévastations des guerres étrangères, — temps précurseur néanmoins, d’où sortiront la paix avec Henri IV, l’unité politique avec Richelieu et Louis XIV, l’idéal classique avec Corneille et Racine. Prenez, si vous en avez la force, toute cette prodigieuse richesse pareille à de l’or brut mêlé à la terre, et distribuez-la à un romancier en lui disant : Voici votre toile de fond, et voilà vos protagonistes. Avec leurs passions, restituez-nous la vérité et faites que nous voyions clair dans cette époque des Valois, séparez la lumière des ténèbres, et que votre image nous communique l’impression du réel… De bonne foi, est-ce la Princesse de Clèves que vous attendrez ? Il fallait un Shakspeare, le Shakspeare des Henri et de Richard III, pour manier et brasser une telle matière et pour la porter, ainsi maniée et brassée, toute chaude, dans son œuvre, et Mme de La Fayette n’en a tiré qu’une tragédie racinienne.
D’autres romanciers ont été, depuis lors, attirés par ce grouillant et formidable XVIe siècle. Alexandre Dumas père en a traduit le pittoresque des mœurs dans la Dame de Monsoreau. Mérimée, dans sa Chronique de Charles IX, en a rendu les appétits débridés, le plaisir élégant et le goût des aventures. Maurice Maindron, enfin, dans le Tournoi de Vauplassans et Blancador l’Avantageux, a surtout satisfait sa passion des armes, de la couleur et du vocabulaire, au point que l’on croit entendre, en le lisant, le cliquetis des épées, les disputes énergiques des papistes et des huguenots, et les acclamations des dames au vainqueur. C’est là un XVIe siècle vu du dehors, par ses côtés extérieurs. On n’y devine point la force intime qui, d’un François de Lorraine assassiné, fait un mourant calme, serein, détaché, et d’un voluptueux Nemours couché sur son lit de douleur, fait un moraliste hors du monde. Les peintres ou les analystes de ce temps des guerres religieuses en ont omis la puissance du sentiment religieux. Il n’apparaît pas davantage chez Mme de La Fayette, et la vertu de la princesse de Clèves ne s’appuie sur aucun secours divin.
Il faut bien se rendre à l’évidence. Mme de La Fayette a