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téléphonie ordinaire : elles servent de support aux modulations, aux variations des vibrations sonores. Cela est d’autant plus facile que les ondes sonores vibrent quelques centaines de fois, quelques milliers de fois au plus par seconde, tandis que les ondes couramment employées en T. S. F. vibrent des dizaines de fois plus vile, c’est-à-dire sont des dizaines de fois plus courtes. Celles-ci peuvent donc se modeler sur celles-là avec exactitude et fidélité, de même que les lamelles étroites de la chenille d’un tank se modèlent exactement sur les principaux accidents du terrain et les épousent avec d’autant plus de précision qu’elles sont plus étroites par rapport à ceux-ci.

Dans les premiers essais de Poulsen et de ses successeurs immédiats, les ondes entretenues, engendrées dans l’antenne par l’arc étaient modulées suivant les vibrations de la parole au moyen de microphones associés à l’antenne. Mais pour obtenir des portées assez grandes, l’intensité des oscillations traversant les microphones devait, nous l’avons dit, être considérable et il n’a pas été possible de réaliser pratiquement des appareils suffisamment robustes.

C’est pour cette raison, et aussi parce que les récepteurs radio-télégraphiques ou radiotéléphoniques n’étaient pas suffisamment sensibles que la téléphonie sans fil par arc n’a pas pu recevoir d’applications vraiment pratiques à cette époque.

Le problème a changé de face, l’émission et la réception des ondes ont fait ensemble et soudain des pas de géants à dater du jour où l’Américain Deforest inventa cette lampe à trois électrodes, mille fois plus merveilleuse que celle d’Aladin, qui a révolutionné toute la radioélectricité.

J’ai déjà eu l’occasion de parler autrefois de ce merveilleux instrument; mais il importe aujourd’hui d’examiner un peu plus explicitement son fonctionnement, car il est à la base de tous les progrès récents et futurs de la téléphonie sans fil.

Il a des noms variés et étranges : lampe à trois électrodes audion, kenotron, pliotron, dynatron, lampe à grille, valve à trois électrodes, relai électronique. Ce dernier nom, comme nous verrons, est explicite et clair.

Cette lampe étonnante, cet outil de merveilleux savoir et de merveilleux pouvoir utilise un phénomène dont l’observation fut faite pour la première fois par Edison en 1883 et qui était resté longtemps un fait isolé sans explication.

A. l’intérieur de l’ampoule d’une lampe électrique à incandescence, Edison avait disposé une petite plaque métallique. Un fil de