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microphone récepteur. Celui-ci, à son tour, sous l’influence des variations de ce courant électrique, subit des vibrations qui reproduisent exactement celles du microphone émetteur.

En un mot, dans le téléphone ordinaire, ce qu’on entend, c’est l’effet des variations d’intensité d’un courant électrique, variations modulées selon la voix humaine. Un courant électrique constant, un courant électrique qui ne varie pas, ne produit aucun son au téléphone, car la membrane vibrante occupe une position fixe sous l’action d’un courant fixe; elle est alors immobile, c’est-à-dire muette. Elle n’émet des sons que lorsqu’elle vibre, c’est-à-dire lorsqu’elle avance ou recule rapidement, c’est-à-dire lorsque sur elle agit un courant plus ou moins grand, un courant variable. Si j’ose employer cette analogie, il en est des vibrations sonores du microphone téléphonique comme des vibrations et des oscillations des objets suspendus dans un véhicule, dans un train, un bateau.

Si le train (abstraction faite des irrégularités de la voie) a une vitesse parfaitement uniforme, si le courant qui entraîne le bateau a une force constante, les passagers et les objets suspendus aux parois, resteront immobiles; si le train a des changements de vitesse fréquents et constants, si le courant qui porte le bateau subit des variations rapides, ces passagers et ces objets seront projetés tantôt en avant, tantôt en arrière. Pareillement, ce sont les variations seules du courant téléphonique qui produisent un son.

Ce qui est vrai en téléphonie ordinaire l’est pareillement en téléphonie sans fil.

Imaginez donc une antenne radiotélégraphique émettant continuellement dans l’espace des ondes électriques d’amplitude bien constante. Si on branche un téléphone sur l’antenne réceptrice on n’entendra absolument rien. Il importe donc, pour transmettre la voix, de brancher sur l’antenne émettrice un microphone devant lequel on parle et il faut que ce microphone modifie l’intensité des oscillations électriques de l’antenne d’émission de telle sorte que ces variations suivent exactement les vibrations de la parole. On obtient alors, au poste récepteur, un courant moyen d’ondes électriques (si j’ose m’exprimer ainsi) dont l’intensité varie suivant les mêmes lois que l’amplitude des vibrations sonores. Un téléphone branché sur l’antenne de ce poste récepteur reproduit donc les sons émis devant le transmetteur.

En un mot, les ondes constantes et continues de la télégraphie sans fil jouent en téléphonies sans fil le même rôle que le câble dans la