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innombrables facettes et les prismes, qui s’y décompose, change toute cette verroterie en diamants prodigieux aux feux innombrables. C’est un foisonnement fantastique d’étincelles multicolores, un scintillement perpétuel, ahurissant, presque insoutenable et comme aucun décor de féerie n’en a encore produit.

Là-bas, plus près du Potomac, d’autres projecteurs aux verres mauves, rouges, orange, indigo, lancent au ciel assombri des faisceaux de rayons fixes. Plus loin encore d’autres projecteurs plus puissants balayent incessamment le ciel, la terre, ou bien semblent jouer avec la lumière, la font couler lentement en traits fulgurants, larges, qui s’enfoncent dans l’espace en hauteur, ou bien l’arrêtent très haut, l’immobilisent en boules lumineuses qui s’élèvent, s’arrêtent, reviennent au foyer qu’on ne voit pas et pour s’élancer à nouveau, d’un seul bond, vers le ciel.

Dans le parc à 500 mètres, le Monument de Washington, l’immense obélisque, plus haut que la cathédrale de Cologne et où l’on monte intérieurement par un ascenseur, est illuminé, prodigieuse érection de lumière, par des projecteurs aux foyers dissimulés, dont les couleurs changent.

Beaucoup plus loin, vers l’Est, le Capitole surgit, vision blanche dans une lueur aux sources invisibles, détache ses lignes fines, sa colonnade, son dôme, parfaitement eurythmiques comme le furent celles du Parthénon, semble dans la nuit plus sombre, un palais-illusion dans un mirage de lumière. Derrière lui un immense rayonnement projette en éventail toutes les couleurs du prisme dans le ciel.

De tous côtés, de tout près, d’Arlington, de plus loin, des projecteurs d’une incomparable puissance balayant à tout moment de leurs rapides éclats qui se pénètrent, se croisent, ce qui reste encore de sombre au-dessus de la ville.


LA PREMIÈRE SÉANCE

12 novembre.

Depuis neuf heures, et bien que ce ne soit pas congé, en dépit du vent coupant, sous le soleil pâle, la foule s’amasse autour du Continental Hall.

L’édifice de stuc blanc, de style mexicain, avec un péristyle en rotonde à hautes colonnes, d’une parfaite harmonie de lignes, est, naturellement, pavoisé, entouré de mâts portant tous