explosif dépasse actuellement, et de beaucoup, celle des plus grosses torpilles connues?
A quoi serviront les canons monstrueux de 20 pouces qui représentent l’effort continu de la science balistique depuis la bataille de Crécy en 1356, si en quinze ans, depuis le premier vol de l’oiseau humain, il peut maintenant porter des projectiles auxquels on n’osait pas penser jusqu’alors?
Existe-t-il quelqu’un qui ne veuille pas croire à cela?
Celui qui y croit ici en Amérique, s’appelle le général Mitchell, directeur en second de l’Aviation militaire. Doué d’un enthousiasme analogue à celui du général Estienne, il a adopté, soutenu et fait triompher les idées émises plus haut, dans toute une série d’expériences vraiment intéressantes.
Dans le livre qu’il a publié, le général Mitchell envisage une guerre toute spéciale faite au moyen d’énormes unités aériennes dont l’élément tactique est le groupe de 100 avions. C’est une guerre sans lignes de communications, pourrait-on dire. L’armée de l’air se meut, se concentre, attaque et rentre à ses bases sans avoir la sujétion des communications terrestres. Elle ne connaît ni défilement, ni positions, ni obstacles : son milieu est l’air. Sa rapidité d’action, sa mobilité, lui permettent de frapper çà et là des coups terribles, dans un temps négligeable, si on le compare avec la lenteur des trains, la circonspection des armées terrestres.
Son ravitaillement, qui dans la dernière guerre se faisait par camions, se fera par la voie des airs. Pour cela les grands dirigeables du type Zeppelin, dont la capacité se monte à 30 tonnes, et dont le rayon d’action se chiffre par 15 000 kilomètres, seront d’excellents ravitailleurs en combustibles, en pièces de rechange, en nourriture. Le Parc d’Aviation deviendra donc aérien lui-même. Durant les derniers six mois de la guerre, la division aérienne française, qui comprenait deux escadres de chasse et deux escadres de bombardement, était ravitaillée par deux parcs aéronautiques. Ceux-ci se déplaçaient sur route et comprenaient chacun un train de camions d’une imposante longueur.
Les unités volantes se rendaient aux destinations nouvelles imposées par les ordres, en deux ou trois heures, et là il leur