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dérangés, des jeunes gens auxquels nous avions donné l’espoir de prendre enfin les gages réclamés par la France. Nous avons fait plus. Nous avons, depuis lors, abandonné les sanctions économiques que nous avions appliquées en Rhénanie et fait preuve, en cela, d’une incohérence dont M. Maurice Barrès a eu raison de dénoncer les dangers. Après nous avoir arraché tous ces avantages, l’Allemagne est restée quelque temps tranquille pour endormir notre trop juste méfiance. Nous nous sommes alors plu à la croire assagie. Nous avons rendu à son Gouvernement des hommages empressés et un peu candides. Nous avons fait du chancelier Wirth des éloges dithyrambiques, qui n’ont guère eu d’autre effet que de le compromettre aux yeux de ses concitoyens, et nous avons réservé nos sévérités et nos ironies pour ceux des Français que n’aveuglaient pas les illusions officielles.

Mais, lorsqu’a été donné, dans l’affaire de Haute-Silésie, l’avis, pourtant si modéré, de la Société des Nations, et qu’immédiatement l’Allemagne est tombée dans une crise de nerfs, nos yeux ont commencé à s’ouvrir. Le chancelier Wirth est sorti de la scène par un côté des coulisses pour rentrer par l’autre, et nous avons fini par comprendre que nous assistions à une comédie bien montée. Le Gouvernement du Reich a répété avec insistance que la perte de quelques districts silésiens allait le mettre dans l’impossibilité d’exécuter ses obligations. Sans doute, il avait accepté, dans les premiers jours de mai, l’état de paiements dressé par la Commission des Réparations. Mais pouvait-il prévoir qu’on allait diminuer sa capacité économique en lui enlevant une partie de la région dont il avait fait son usine de guerre ? Aux clameurs poussées par l’Allemagne, on eût dit qu’on lui arrachait les entrailles et qu’il ne lui restait qu’à mourir dans les tortures. Or, il y a longtemps que la Commission des Réparations a fait étudier par ses experts l’importance proportionnelle que peut avoir chaque partie de la Haute-Silésie dans l’ensemble des facultés productrices de l’Allemagne, et elle n’a pas eu grand’peine à se convaincre que le partage opéré suivant les indications de la Société des Nations n’influe que d’une manière tout à fait insensible sur la capacité de paiement du Reich. L’Allemagne a donc conservé en novembre 1921 les mêmes ressources qu’elle reconnaissait avoir en mai, lorsqu’elle a donné solennellement son adhésion à l’état de paiements. D’où vient qu’elle nous annonce maintenant qu’elle ne va plus pouvoir payer ? C’est qu’à mesure que le temps passe, elle espère avoir plus profondément divisé les Alliés et plus complètement usé notre force d’action.