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Nos efforts et nos sacrifices en ont été démesurément aggravés. C’est un état de choses auquel on ne pouvait remédier que par un essai de pacification comme celui qui va être fait en exécution de l’accord signé par MM. Franklin-Bouillon et Moustapha Kémal : du moment où nous ne pouvions rompre le contact avec les Turcs en évacuant l’Orient, et où il était excessif de demander au pays, surtout dans les circonstances difficiles de l’après-guerre, l’effort voulu pour mener contre eux une lutte décisive, il n’y avait qu’à hâter la conclusion de la paix. Seule celle-ci peut nous permettre de ramener, selon toute vraisemblance, au cours de 1922, notre armée d’Orient à l’effectif modeste que demande l’exercice du mandat.

Mais, en matière civile aussi, nous avons eu un budget de la guerre turque qui nous a, par sa continuation même, occasionné des dépenses civiles en même temps qu’elle aggravait la débilité financière inhérente à l’extrême jeunesse des organismes politiques créés par nous en Syrie. Cette guerre et cette jeunesse ont été la cause du plus gros des dépenses auxquelles le budget du Haut-Commissariat a dû faire face en 1920 et 1921. C’est parce que nous avons achevé de liquider certaines des suites de la période de la grande guerre et parce que l’organisation des nouveaux États syriens s’est précisée et que leur administration est devenue plus serrée, que les prévisions budgétaires du Haut-Commissariat pour 1922, ont pu être ramenées à peu près, comme il vient d’être dit, dans les limites du budget normal du mandat.

Comme bien on le pense, ce n’est pas en effet par des compressions exercées sur des dépenses continuant toutes à figurer dans le budget du Haut-Commissariat, que celui-ci a pu être réduit de 185 millions en 1920, à 120 millions en 1921, et à 50 millions en 1922. Des compressions, certes, il y en a eu ; le général Gouraud et ses chefs de service les ont étudiées et réalisées au printemps de cette année. Quarante fonctionnaires français ont été licenciés, ce qui, si l’on compare ce chiffre au montant de l’effectif donné plus haut, permet d’apprécier le surcroît d’efforts demandé à ceux qui sont restés après cette coupe sombre. Les indemnités ont été réduites : les dépenses de matériel ont été serrées de très près par le nouveau directeur des finances du Haut-Commissariat. Mais cet effort n’a produit malgré tout que la moindre partie de l’économie réalisée : le gros de celle-ci est