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base propre qui est le statut organique donné à ce pays après l’intervention française de 1860.

Chaque État autonome constitue avec son Gouverneur, ses Directeurs, son Administration et ses Conseils bientôt élus, un organisme indigène complet. C’est un cadre relativement modeste dans lequel un peuple sans aucune tradition de gouvernement par lui-même peut faire graduellement son éducation politique. Il faut ajouter que ces organismes ont maintenant fait leurs preuves depuis un an, et que les notables qui sont encore seuls à composer le « pays politique » se sont très généralement montrés à Damas et plus encore à Alep satisfaits de leur fonctionnement.


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Les États sont donc actuellement la base et les organes dès à présent vivants de l’être politique nouveau qui a commencé d’exister en Syrie. Cet état de choses répond aux tendances qui ont été constatées dans le pays au cours de l’enquête menée pendant les six premiers mois de l’année 1921 et dont il a été parlé plus haut. Si elle a révélé, notamment à Alep, une très vive curiosité en ce qui concerne l’organisation des États autonomes, et surtout l’utilisation locale de leurs ressources, elle n’a permis de constater, sauf chez un très petit nombre de personnes, que des vues beaucoup plus indifférentes et confuses en ce qui concerne les liens fédéraux qui pourraient unir les États.

Il fallait cependant créer une Fédération : il convenait de donner au pays sous mandat français une cohésion aussi grande que possible, ne fût-ce que pour répondre aux désirs de certains groupes syriens, particulièrement évolués et appartenant d’ailleurs en majorité aux colonies fixées à l’étranger, et pour permettre à la Syrie de faire plus nettement figure parmi les Nations. En outre, les États autonomes ont nécessairement à résoudre un certain nombre de questions d’intérêt commun, fonction qui paraissait devoir être assurée par des organes fédéraux. Le général Gouraud, obéissant à ces raisons et suivant le plan qu’il avait dès longtemps conçu, annonça la création prochaine de la Fédération dans son discours-programme prononcé à Damas le 20 juin et répété à Alep quelques jours plus tard.

Mais le résultat de cette déclaration ne fut pas ce que