Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/601

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il voit l’honneur de Flore, et, de ses pas légers
Lui destine l’hommage, en rêvant de baisers
Une abondante fête :
La rose, en détournant sa gracieuse tête,
Insulte au papillon !
Il insiste. Bientôt, percé par l’aiguillon
D’une perfide abeille
Il tombe, et meurt au sein de la rose vermeille,
En caressant toujours
Cette fleur, son tombeau, cette fleur, ses amours !


Voilà bien des dernières lettres, celle-ci sera la seule. Mes yeux, je vous le jure, ne vous importuneront plus, mes paroles ne pourront plus imprudemment vous offenser ou vous chagriner. Adieu. J’ai pris mon parti. Quel qu’il soit, soyez-en joyeuse !


III


[Villeparisis,... 1822.]

Voici un passage de Théophraste que La Bruyère ne put pas traduire, parce qu’il n’a paru que dans l’édition faite sur le dernier manuscrit trouvé dans le Vatican; la lacune que laisse ce fragment se voit à la page 17 de l’édition de Didot[1].

« S’il est en morale un précepte que l’on puisse regarder comme un axiome, c’est que l’on n’aime jamais ceux qui donnent prise soit à la plaisanterie, soit au ridicule.

« Ce qui parait extraordinaire, c’est que des gens pénétrés de cette maxime continuent d’aimer, bien qu’ils soient l’objet plaisanté !

« Néanmoins cette bizarrerie est dans le cœur humain, et, de plus, elle est la marque d’une passion véritable; et cette sotte constance peut quelquefois recevoir un salaire, à moins qu’il ne se joigne à la moquerie un sentiment plus injuste.

« Il est des âmes entourées d’une foule de tissus qui redoublent leur chaleur et les rendent impénétrables. Il arrive qu’on les juge sur quelques-unes de ces enveloppes, et alors on les juge mal.

« On les rebute en amour. Elles se réfugient en elles-mêmes, et... »

  1. Inutile sans doute de faire remarquer que tout ceci n’est qu’un petit roman inventé par Balzac pour essayer de changer à son égard les sentiments de sa moqueuse amie. Il est bien dans la note de ses travaux de jeunesse toujours attribués à des personnages morts ou inconnus. S. L.