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l’Allemagne, soit, ou non, de bonne foi et que son impuissance à s’acquitter soit réelle ou simulée. Elle a promis d’exécuter l’ultimatum. Si elle ne l’exécute pas, nous sommes évidemment autorisés à prendre des gages.

Par l’article 236, l’Allemagne a accepté que ses ressources économiques fussent directement affectées aux réparations; et l’article premier de l’annexe IV ajoute que cette affectation, destinée à assurer la restauration matérielle des régions envahies, aura lieu dans la mesure qui sera déterminée par les Puissances alliées. L’article 12, § b, de l’annexe II précise que tous les revenus de l’Allemagne, y compris ceux qui sont employés au service des emprunts antérieurs, doivent être affectés par privilège au paiement des sommes dues pour réparations. L’Allemagne s’est également engagée, par l’article 241, à faire promulguer et à maintenir en vigueur toute législation, tous règlements et décrets qui pourraient être nécessaires pour garantir la complète exécution de ces obligations. Elle a promis, en même temps, par l’article 240, de fournir à la Commission des Réparations tous renseignements sur sa situation et ses opérations financières, sur ses biens, sur sa capacité économique, sur ses approvisionnements, sur sa production courante en matières premières et en objets manufacturés. On ne voit pas que jusqu’ici ces diverses stipulations aient été respectées.

Le Comité des garanties, constitué par les accords de Londres avec des pouvoirs plus limités que ceux de la Commission, est allé à Berlin; il s’y est assis en face des Allemands; il a conféré avec eux, et, dépourvu de tous moyens d’action, il est revenu à Paris, avec la certitude que l’Allemagne se déclarerait incapable de payer, peut-être en novembre, et sûrement en janvier. La Commission des Réparations, inquiète d’un état de choses qu’elle n’avait, du reste, que trop prévu, a pris le parti de se rendre elle-même à Berlin. Mais y obtiendra-t-elle plus que le Comité des garanties? Elle y a, dans la personne de M. Haguenin, un agent remarquable, qui connaît l’Allemagne depuis longtemps, qui y a vécu avant la guerre et qui a su y gagner l’estime d’un grand nombre d’hommes politiques. Mais M. Haguenin n’a lui-même à sa disposition aucun service de contrôle. Il semble, d’autre part, qu’en ces derniers temps, la Commission ait cherché à se renseigner sur la situation financière de l’Allemagne plutôt que sur sa capacité économique. La seconde n’est cependant pas moins importante à connaître que la première. Il n’y a plus de temps à perdre. Il va falloir que la Commission use des