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comme d’ailleurs son apparence télescopique, sont de beaucoup les moins intéressantes.

Le terminateur du premier quartier qui, à l’œil nu, nous semblait tout à fait rectiligne prend, grâce à la vision supra-terrestre que nous donne la photographie, un aspect étonnamment déchiqueté. Par endroits l’ombre empiète profondément sur le quartier visible. A côté au contraire, celui-ci s’avance hardiment dans la nuit en promontoires de lumière déliées. Ailleurs même on aperçoit des points isolés, véritables oasis de lumière, environnés d’ombre.

En les regardant on peut dire qu’on assiste à un lever de soleil sur des montagnes de la lune. Ces points lumineux sont des sommets que dore déjà le soleil levant, alors que les lieux environnants sont encore dans la nuit. Ainsi, à Genève, lorsqu’il y fait encore nuit, on voit le Mont-Blanc déjà rosi par le soleil levant.

Nous pouvons donc à peu de frais admirer sur la lune cet alpenglühn dont l’attrait fit entreprendre à Tartarin sa mémorable ascension du Righi. Sans doute les pacifiques astronomes qui nous procurent un si rare spectacle n’étonneront pas, par leur héroïsme, l’armurier Costecalde et le brave capitaine Bravida, capitaine d’habillement, mais on ne peut pas tout avoir !

Beaucoup des montagnes lunaires sont très hautes. On mesure facilement leur altitude par divers procédés et notamment par la longueur des ombres projetées. La plus élevée est le Mont Leibnitz, près du pôle sud de la lune, qui a environ 8 200 mètres d’altitude, à peu de chose près l’altitude du point culminant de l’Himalaya. La lune est donc beaucoup plus accidentée proportionnellement que la terre dont le diamètre est quadruple.

Elle est également beaucoup plus volcanique. Ses milliers de cratères ont en général des dimensions bien supérieures à celles des plus grands orifices volcaniques de la terre. Certains ont des centaines de kilomètres de diamètre.

Ces cirques lunaires sont construits d’une façon uniforme : un vaste entonnoir circulaire, assez semblable, en somme, au Cotisée ou aux arènes d’Arles et de Nîmes, mais différents en ce qu’ils s’étagent en pente douce vers l’extérieur, en pente souvent très raide (dont l’inclinaison dépasse parfois 45°) vers la surface unie qui occupe le milieu de l’entonnoir. Souvent, au centre du cirque, s’élève un piton isolé, généralement moins élevé que le bord du cratère. Certains cirques lunaires ont une profondeur considérable (mesurée, elle aussi, par les ombres portées) et qui atteint, par