des Sciences, des Lettres, des Belles-Lettres et des Beaux-Arts?
Devant cette éventualité, on estima rationnel d’avoir une Académie royale française. Cela nous fait, avec l’Académie de médecine, quatre Académies. On ne dira pas que la Belgique, qui compte, d’autre part, quatre Universités, sinon cinq avec l’embryon récemment constitué d’Université flamande, dédaigne les centres officiels de culture supérieure...
Deux éléments distincts doivent se concilier dans l’Académie de langue et de littérature, de par sa charte fondamentale : les services rendus à la langue, qui a toujours été en Belgique la langue de l’esprit et est destinée à le rester; les apports fournis à un art de chanter, de peindre, de conter la passion humaine, inspiré ou marqué par un caractère national. Pour assurer d’une façon perpétuelle les droits du premier, l’arrêté de fondation fixe à dix le nombre des membres à recruter parmi les philologues contre vingt à choisir plus librement. C’est faire à la science du langage la part belle. Erudits et professeurs, les philologues sont tous déjà destinés à entrer dans une des classes de l’ancienne Académie. Il est vrai que le rapport au Roi marque expressément l’importance attachée aux dialectes wallons, si anciens et si savoureux, et auxquels des érudits se sont voués, chez nous, avec toute la passion des poètes.
Mais, en dehors des linguistes, l’Académie, si elle suit les indications de ses fondateurs, appellera à elle tous ceux qui illustrent, par leur talent d’écrire ou de parler, la langue française, orateurs sacrés ou profanes, historiens, savants, professeurs ou écrivains. On voit l’importance représentative, du point de vue national, des membres qui ne sont que des écrivains tout court.
Ceux-ci appartiennent à deux couches successives, à deux séries de générations. Il y a les survivants de l’époque littéraire, héroïque, qui furent jeunes et « jeune-Belgique » entre 1880 et 1890. Étroitement unis pour briser d’un effort commun la glace, de l’indifférence publique, ils se sont séparés ensuite profondément sur des questions d’esthétique et on est tout surpris de constater aujourd’hui à quel point ces divisions ont persisté entre eux. Il y a les écrivains venus après cette période, qui ne, l’ont pas vécue et ne l’ont connue que par ouï-dire, mais qui ont bénéficié, grâce à ces devanciers, d’une certaine attention