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la main. L’Eglise d’Angleterre était représentée par le Bishop Creigton au couronnement du tsar Nicolas II, l’Eglise russe par Mgr Antoine, archevêque de Finlande et de Viborg, au jubilé de la reine Victoria. De nos jours, d’assez fréquentes informations sur l’état des affaires russes nous parviennent par l’organe de The Anglican and Eastern Association, à laquelle s’étaient inscrites, avant la crise bolchéviste, un grand nombre de notabilités ecclésiastiques tant anglaises que russes, et qui a pour président Mgr Tykon, élu en 1917 patriarche de Moscou.

La chute du régime impérial ne mit pas fin, loin de là, aux avances de l’Eglise anglicane. Un mois après l’abdication du Tsar, le 15 avril 1911, anniversaire de la Pâque orthodoxe, son Primat envoyait, par télégramme, « un salut pascal au Saint-Synode. » Il renouvela ses démarches, très clairement destinées à provoquer une conversation théologique, auprès du Concile panrusse qui élut Mgr Tykon, et il reçut de lui, le 14 décembre 1917, une réponse encourageante, qui amorçait « des relations plus étroites avec les Églises épiscopaliennes d’Angleterre et d’Amérique. » De tels précédents autorisent à envisager, pour le moment où la Russie entrera dans une période d’accalmie, une reprise de cet échange de bons procédés.

Entre temps, le Phanar se faisait représenter officiellement à la Conférence de Lambeth, organisée par le Primat de Cantorbéry, et ce sont les Grecs de Constantinople et du Levant qui paraissent suivre avec le plus d’intérêt ces tentatives d’inter-communion. Ce que nous savons de la politique orientale de l’Angleterre donne à penser que le Foreign Office est loin de les trouver dépourvues d’opportunité.


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On peut se demander jusqu’à quel point les vues de la Papauté sur l’Orient séparé convergent vers les mêmes buts que l’intérêt de la France.

Gardons-nous, tout d’abord, des généralisations. Il en est une, familière aux esprits enclins à confondre l’apologétique avec la politique, qui consiste à entrevoir pour notre pays, dès lors qu’il a repris officiellement contact avec le Vatican, une sorte de disposition permanente à se solidariser avec les intérêts catholiques, conformément, a-t-on soin d’ajouter, — ce qui est d’ailleurs sujet à caution, — à sa tradition nationale. Encore qu’on ne