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l’impression, qu’il voulait produire, d’une parité solennellement reconnue entre la catholicité latine et la catholicité gréco-slave. En relevant le prestige des Églises unies aux yeux du monde et à leurs propres yeux, ne faisait-il pas d’ailleurs une ouverture indirecte de conciliation aux Eglises séparées, puisqu’il effaçait jusqu’au soupçon d’une disqualification attachée au Rite oriental, et, du même coup, donnait une leçon discrète à certaines préventions latines ?

On dira de la politique de Benoit XV qu’elle a eu le mérite de stabiliser ces intentions prévoyantes. Tout d’abord, en pleine guerre, par le Motu proprio du 1er mai 1917 (Dei providentis), la section des affaires orientales à la Propagande est érigée en Congrégation nouvelle et autonome, qui s’appellera désormais Pro Ecclesia orientali. Le Pape s’en réserve la présidence, et le secrétariat-général en est confié au cardinal Marini, connu pour l’érudition avec laquelle il dirige le Bessarione, et pour la persévérance qu’il apporte à défendre les intérêts de l’union des Eglises. Presque en même temps que la Congrégation, Benoît XV fonde l’Institut pontifical oriental, qui tient à la fois de l’Université, du Séminaire et de l’Académie ecclésiastique, du moins en germe. Pour le moment, c’est un centre de formation pour les jeunes prêtres des Rites latin et unis qui se proposent d’exercer le sacerdoce en Orient ; les cours en sont également accessibles aux sujets des Rites séparés, qu’on espère attirer à Rome. L’Institut offre sur les Collèges orientaux d’ancienne date (grec, ruthène, polonais, arménien, maronite, etc.), une double supériorité : le prestige qui s’attache à une fondation pontificale et son caractère hautement international. Qu’il ajoute à ces avantages originaires par son propre mérite, et qu’il acquière, avec les années, la réputation d’un corps savant, ce sera sans doute un des organes les plus sympathiques de controverse amiable avec les théologiens ou les érudits des Eglises dissidentes.

Un an plus tard, le Saint-Siège inaugure la série des « visites apostoliques, » dont chacune se justifie sans doute par quelque but concret, mais dont l’ensemble laisse l’impression d’une exploration systématiquement organisée à travers la périphérie de l’ancien empire russe. En mai 1918, mission en Pologne de Mgr Ratti, où il devait être par la suite promu nonce : en Pologne alors occupée, excellent observatoire pour les affaires