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suffira d’un petit effort pour remettre en valeur, méritent bien une visite du voyageur ou du touriste curieux des choses de jadis et des grands épisodes de notre histoire. Assurément, il ne faut pas s’attendre à ressentir devant les restes d’Alesia ce mélange d’étonnement admiratif et de satisfaction artistique qui nous attend en présence des grandes ruines romaines du Midi de la France ou de l’Afrique. Point de théâtre aux fortes murailles comme à Orange, point de masse de pierres imposante, colorée par l’ardeur séculaire du soleil comme aux amphithéâtres d’Arles et de Nîmes, point de fières arcades superposées comme au pont du Gard, point de temples aux proportions harmonieuses comme la Maison Carrée, point de rues bordées de colonnades comme à Timgad, ou de marchés avec ses boutiques comme à Djemila, ou de puissants remparts comme à Tébessa, mais seulement des murs en humbles matériaux, rasés au niveau du sol et traçant dans l’herbe verte les contours des édifices d’autrefois. L’émotion ici ne vient pas de la majesté du spectacle, elle sort du sol lui-même ; les souvenirs attachés à ce plateau, suffisent à lui donner une singulière éloquence. Et puis l’endroit est si joli, le paysage si doux, si tempéré ! Du côté de l’Est, au-dessous de pentes fertiles et ombragées, c’est la belle plaine des Laumes dont des constructions utilitaires, tout récemment élevées par la Compagnie du chemin de fer P.-L.-M. déparent malheureusement la surface verdoyante ; au Nord et au Sud, les deux gaies vallées de l’Oze et de l’Ozerain avec leurs prairies et la ligne flexible des arbres qui dessine le cours des rivières ; d’une part, la montagne de Flavigny aux croupes boisées, de l’autre, le vallon accidenté du Rabutin, où se cache le château historique de Bussy ; plus loin, dans tous les sens, des coteaux enveloppés de brume et de fraîcheur. Ici la nature est souriante et reposée ; quel contraste entre le calme de ce site charmant et la violence des événements dont il fut le théâtre !


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Parmi toutes les découvertes de la Société de Semur, les plus intéressantes peut-être sont celles qui nous ramènent à l’époque de l’indépendance gauloise. Nous savions mal comment vivaient nos lointains aïeux à l’âge historique ; nous voici maintenant un peu moins ignorants. Sur plusieurs points du plateau, il a