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nationale. César, dans ses Commentaires, se contente d’écrire :

« César prend place devant le camp ; c’est là qu’on lui amène les chefs. Vercingétorix fait sa soumission et jette ses armes. » Voilà qui est moins théâtral. On aimerait à croire que les historiens postérieurs, Plutarque et Dion Cassius, n’ont pas embell1 l’histoire vraie. De toute façon, le drame reste poignant. C’en était fait de la Gaule indépendante.


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Que devint alors la ville ? Quelle était, d’autre part, son importance au moment où Vercingétorix vint s’y réfugier ? Les auteurs anciens sont muets ; des fouilles seules sur le site lui-même pouvaient nous renseigner.

Dès le XVIIIe siècle, et surtout dans la première partie du XIXe, on avait eu l’idée de faire quelques recherches sur le plateau qui domine Alise-Sainte-Reine ; de ci, de là, soit par le fait du hasard, soit par des sondages voulus, on avait découvert des pans de mur ensevelis sous la végétation, des fragments sculptés ou ornementés, de menus objets, des inscriptions même, dont la plus curieuse, conçue en langue celtique, nous offre le nom Alisiia. Puis vinrent les fouilles de Stoffel et de la Commission de la Topographie des Gaules ; il en a déjà été parlé ; encore ces explorations ont-elles surtout porté sur les alentours de la ville même. Enfin, il y a une quinzaine d’années, on entreprit des travaux méthodiques sur l’emplacement de la cité elle-même. À ces études resteront attachés le nom de la Société des Sciences de Semur, qui en a pris l’initiative, de M. le commandant Espérandieu, le premier directeur des chantiers, et celui de M. Jules Toulain, qui s’est donné de tout cœur à cette œuvre d’érudition et de patriotisme. Au cours de neuf campagnes consécutives, de 1906 à 1914, on mit au jour des restes de l’époque gauloise, de l’époque romaine impériale et même du début du Moyen-âge.

Tout cela nous renseigne à peu près sur l’existence ininterrompue de la petite ville depuis des temps relativement très reculés jusqu’au jour où les invasions germaniques amenèrent son déclin, puis sa ruine et l’exode des habitants du plateau vers la pente occidentale de la colline.

Ces champs de pierre, restes bien misérables du passé, entretenus avec soin avant 1914, un peu négligés depuis, et qu’il