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LES
RÉCENTES FOUILLES D’ALESIA

Le voyageur qui se rend en chemin de fer de Paris à Dijon, à peine dépassée la station des Laumes, aperçoit à sa droite une série de collines verdoyantes, aux croupes mollement arrondies, qui ferment l’horizon. La plus voisine de la ligne ferrée se termine par un éperon dominant la plaine ; à la pointe, une haute statue se détache nettement sur le ciel. La statue est celle de Vercingétorix ; la colline, le mont Auxois, avec le village d’Alise-Sainte-Reine, autrefois Alesia, Auxois, Alise, Alesia, c’est tout un ; le nom antique s’est conservé dans celui de ta hauteur et du bourg moderne. C’est là que se passa l’événement le plus pathétique et le plus considérable de la lutte des Gaulois et de Jules César, là que sombra dans la défaite la liberté nationale.

A vrai dire, l’affirmation a trouvé des contradicteurs. Sept villes de la Grèce réclamaient l’honneur d’avoir donné le jour à Homère ; autant au moins de villes de France se sont disputé celui d’avoir succédé à l’Alesia de Vercingétorix. Jusqu’au milieu du siècle dernier, la question ne se posait pas sérieusement ; Alise ne connaissait pas de concurrents. Mais à ce moment l’attention fut appelée sur le problème par des travaux d’érudits en quête de vérité sensationnelle ; l’amour-propre de clocher s’en mêla et aussi un peu la politique : l’empereur Napoléon III ne s’avisait-il pas d’écrire une Vie de Jules César et de faire étudier par des commissions officielles la topographie de ses campagnes ? Il ne déplaisait pas à quelques-uns de se mettre en opposition avec le souverain sur un terrain exempt de dangers. Bref, alors et même depuis, ce qui peut