Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
HIER ET DEMAIN [1]

LE BOURGEOIS

Dans une phrase célèbre, Rudyard Kipling comparait la guerre mondiale à un gigantesque iceberg dont le huitième seulement nous fut visible, le reste demeurant enseveli dans l’abime. Tout comme la véritable physionomie politique et militaire du cataclysme, ses conséquences économiques et financières ne se sont dégagées que graduellement. Nous percevons de plus en plus que ses conséquences sociales ne sont pas moindres.

La guerre a singulièrement élargi l’activité féminine, accru les exigences ouvrières, étendu l’accession du paysan à la propriété. Elle a si profondément bouleversé les conditions de vie de la bourgeoisie française que celle-ci traverse une véritable crise dont on ne saurait exagérer la gravité. Je n’ai pas la prétention, dans les pages qui suivent, de traiter à fond ce phénomène considérable qui, au surplus, est à l’heure actuelle, encore en pleine évolution. Je me bornerai, mettant en œuvre un certain nombre de documents et d’observations dont la majorité sont empruntés à l’intéressante enquête ouverte l’hiver dernier sur ma proposition par le Musée Social[2], à essayer de

  1. Voyez la Revue des 1er mai et 1er août 1920.
  2. Conférences prononcées par MM. E. Martin Saint-Léon, André Liesse, André Lichtenberger, Auguste Souchon, Georges Hisler. — Voir Mémoires et documents du Musée social.