constitutionnelle. La monarchie à l’anglaise avait été le rêve de sa jeunesse. Après une période assez courte d’illusions républicaines, dont le Directoire l’avait vite dégoûtée, elle y était revenue. Elle s’était réjouie du retour des Bourbons et avait applaudi à la charte datée du lieu où M. Necker avait vécu. Elle était demeurée fidèle au rêve de sa jeunesse : une monarchie constitutionnelle, et même au fond aristocratique. Ce rêve paraît aujourd’hui désuet. Il faut être démocrate et républicain, c/est l’opinion du jour : Michelet et Victor Hugo l’ont adoptée et ont pris rang dans le parti. Pour me servir d’une expression triviale, mais qui rend ma pensée, ils sont du bâtiment ; Mme de Staël n’en a jamais été et n’en serait probablement pas aujourd’hui.
De là tant d’indulgence pour eux, tant de sévérité pour elle, mais la constance dans les opinions n’est pas un crime. « Il faut, dit Schiller, par la bouche du marquis de Posa, garder le respect des rêves de sa jeunesse. » C’est ce qu’a fait Mme de Staël, c’est ce qu’a fait également La Fayette. On le verra par les lettres que je publie. Il ne semble pas que ni l’un ni l’autre en soient diminués.
HAUSSONVILLE.