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cellules des deux autres Grands-Ducs étaient un peu plus petites. A l’entrée du corridor se trouvait le corps de garde.

Dès les premiers jours de l’arrestation des Grands-Ducs, quelques personnes avaient projeté de les faire évader. La tentative était singulièrement risquée : il fallait pénétrer dans la prison, venir à bout du corps de garde composé d’une demi-douzaine de soldats lettons armés, faire sortir les Grands-Ducs, les mettre en automobile, partir avec eux. Avertis de ce plan d’évasion, les Grands-Ducs s’y opposèrent énergiquement.

Le samedi 6 juillet, on nous délivra, au soviet, des permis valables pour deux jours. Notre joie était grande, ainsi que celle des prisonniers : on était sûr de se revoir le lendemain ! Quel fut notre désenchantement quand, le dimanche, arrivés à la prison, nous nous en vîmes refuser l’entrée ! La pensée nous vint aussitôt, que ce contre-ordre pouvait bien être en rapport avec le soulèvement qui venait d’éclater à Moscou. L’état de siège était proclamé à Wologda. Que de raisons d’inquiétude ! Le corps de garde avait été composé jusqu’alors de soldats plutôt bien disposés pour les prisonniers ; mais cela pouvait changer du jour au lendemain.

D’autre part, le bruit circulait que les représentants des Puissances étrangères auraient présenté aux soviets une note collective demandant la libération des Grands-Ducs. Cette note aurait été portée à Moscou par un envoyé spécial. En fait, un des ambassadeurs que je rencontrai m’exprima ses condoléances, manifesta le plus vif intérêt pour le sort des Grands-Ducs, m’affirmant qu’il avait fait une démarche et protesté au nom de son pays contre l’arrestation du grand-duc Nicolas Mikhaïlovitch.

Le lundi 8 juillet, on nous dit au soviet, à la princesse Bagration Moukhransky et à moi, que, vu, l’assassinat du comte Mirbach à Moscou et les désordres de Jaroslaw, on ne nous délivrerait pas de permis avant deux jours.

Aucune nouvelle ni des prisonniers, ni de ma famille de Pétrograde, ni de ma fille de la petite Russie.

Le domestique qui avait porté le dîner me dit que les consignes avaient été très sévères, qu’on avait minutieusement vérifié les plats, les assiettes, les serviettes ; il n’avait pas pu voir les Grands-Ducs.

Il y a maintenant une semaine qu’ils ont été arrêtés. Comme