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Observation très juste. L’unité de l’exploitation du réseau de la Schlesische Kleinbahn Gesellschaft va être, en effet, consolidée pendant quinze ans. Pour les chemins de fer de l’État allemand, il sera organisé, dans tout le territoire du plébiscite, un régime mixte qui durera quinze ans. Il sera constitué des servitudes réciproques sur les réseaux d’eau et d’électricité. L’activité actuelle des Oberschlesische Elektrizitaetswerke sera maintenue pendant trois ans et ainsi de suite. De même, pendant une période qui pourra atteindre quinze ans, le mark allemand restera la seule unité monétaire légale. La Gazette de Voss croit, il est vrai, cette disposition contraire aux intérêts de l’Allemagne ; mais on ne voit pas très bien en quoi elle sera favorable à ceux de la Pologne. De même encore, la Pologne devra renoncer, pendant quinze ans, au droit que lui donnaient les articles 92 et 297 du traité, d’exproprier les établissements industriels, mines ou gisements. Elle ne pourra procéder à cette expropriation que si, de l’avis de la Commission mixte qui va être nommée, la mesure est indispensable au maintien de l’exploitation. Bref, le Reich conservera, plus ou moins longtemps, de fortes emprises sur la Silésie polonaise. Sans doute, les admissions en franchise, les licences d’exploitation, les tarifs de chemins de fer, profiteront également aux deux Puissances voisines. Mais, au total, l’Allemagne trouvera dans cet arrangement provisoire plus de bénéfices que la Pologne, et surtout elle en pourra tirer parti avec son habileté coutumière contre un État plus jeune, moins expérimenté et moins puissant qu’elle. Il y a là un danger sur lequel il est impossible de fermer les yeux.

J’ajoute que l’organisation prévue laisse, bien entendu, intact l’article 90 du Traité de Versailles. On se rappelle qu’en vertu de ce texte, la Pologne s’est engagée à autoriser, pendant une période de quinze ans, l’exportation en Allemagne des produits des mines de toute partie de la Haute-Silésie qui serait transférée à la Pologne. Il est, en outre, stipulé que les produits seront indemnes, à l’exportation, de tous droits, charges ou restrictions ; et enfin, la Pologne s’est obligée à prendre toutes les mesures nécessaires pour que la vente en Allemagne des produits disponibles de ces usines put s’effectuer dans des conditions aussi favorables qu’en Pologne même. Lorsque l’Allemagne prétend qu’elle va être privée de la presque totalité des gisements silésiens de plomb, de zinc et de fer, et des neuf dixièmes du charbon, et que, par suite, elle se trouvera atteinte dans sa capacité de paiement, elle porte donc un insolent défi à la vérité. M. Fimmenn, secrétaire de l’Internationale syndicale d’Amsterdam,