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UN CENTENAIRE ROMANTIQUE

ONDINE VALMORE


I

C’est à Lyon, que la fille de Marceline Desbordes et du comédien Valmore naquit, il y a cent ans aujourd’hui, le 2 novembre 1821. A vrai dire, les prénoms que reçut la première des filles du poète des Pleurs étaient ceux de Marceline-Junie-Hyacinthe. Le prénom d’Ondine ne lui fut accordé que par surcroît, mais on peut dire que c’était bien le plus touchant et le plus poétique qu’on pût donner alors à la fille de deux êtres qui, par leur vocation, n’avaient vécu jusque là que dans le monde chimérique du théâtre et du rêve.

En un temps où le petit roman légendaire de La Motte-Fouqué, précisément appelé Ondine, avait encore toute la faveur du public, l’idée avait paru heureuse de donner, à l’enfant du meilleur des hommes et de la plus sensible des femmes, ce nom frais et jaseur de la fille des eaux. « Lisez Ondine, avait conseillé une fois Gœthe à Eckermann ; c’est vraiment délicieux ! » Gœthe parlait du conte aimable et touchant de La Motte ; nous, nous voulons parler de la fille aînée du poète de l’amour et de l’enfance, cette Ondine, a dit sa mère,


Mobile comme l’eau qui lui donna son nom,


et qui, comme la belle du lac fiancée au seigneur de Ringstetten, ne devait vivre qu’enveloppée de ce voile ténu, de ce pénétrant